La marine américaine manque de bouées acoustiques pour traquer les sous-marins (russes)

Lors du dernier sommet de l’Otan, la création d’un commandement destiné à « aider à protéger les routes de communication maritimes entre l’Amérique du Nord » a été confirmée. Une telle structure existait lors de la Guerre Froide, sous le nom de Commandement allié Atlantique [SACLANT], avant d’être dissoute en 2002.

En outre, quelques semaines plus tôt, le Pentagone avait annoncé la réactivation de la 2e Flotte de l’US Navy dont la zone de déploiement coïncidait avec celle de l’Atlantique Nord. Par ailleurs, l’Islande retrouve, dans le même temps, l’intérêt stratégique qui lui était donné avant l’implosion de l’ Union soviétique, avec le déploiement d’avions de patrouille maritime américains P-8 Poseidon.

Le point commun entre ces trois mesures est l’activité opérationnelle soutenue des sous-marins russes, dont le niveau retrouve celui qui était le sien durant la Guerre Froide.

« La Russie a beaucoup investi dans sa marine, en particulier dans les sous-marins. Depuis 2014, treize autres submersibles ont été livrés. Les activités sous-marines russes sont maintenant au plus haut niveau depuis la (fin de la) Guerre froide. Ces sous-marins opèrent partout dans l’Atlantique et encore plus près de nos côtes », avait ainsi expliqué Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan, dans un entretien donné au Frankfurter Allgemeinen Sonntagszeitung (FAS), en décembre dernier.

Aussi, les « rencontres » entre les sous-marins russes et les navires de l’Otan sont plus fréquentes. « Les incursions dans le golfe de Gascogne de sous-marins russes mettent au défi nos capacités de patrouille maritime », avait ainsi lancé Jean-Yves Le Drian, alors qu’il était ministre de la Défense, en novembre 2016. Plus tard, il avait évoqué la présence de submersibles russe non loin des côtes bretonnes… d’où partent les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la Marine nationale.

En Méditerranée, il a aussi été question de sous-marins russes ayant donné du « fil à retordre » à la marine américaine (et pas seulement elle…). Et visiblement, la fréquence de ces « rencontres » s’est accentuée ces derniers mois. Cela étant, les sous-marins russes ne sont sans doute pas les seuls à avoir accru le rythme de leurs patrouilles. Dans d’autres parties du monde, et en particulier dans la région Indo-Pacifique, les submersibles chinois sont tout aussi actifs.

En octobre 2017, l’US Naval Air Systems Command avait annoncé la commande de 166.500 bouées acoustiques de divers types auprès de la société Erapsco. Le tout pour 219,8 millions de dollars.

Larguées par des hélicoptères ASM [anti-sous-marins] et des avions de patrouille maritime (en l’occurrence des MH-60 Sea Hawk et des P-8A Poseidon pour l’US Navy), les bouées acoustiques, qu’elles soient passives ou actives, permettent de détecter les sous-marins et de transmettre les coordonnnées de leurs positions aux aéronefs et aux navires de surface.

Mais cette commande passée auprès d’Erapsco est apparemment insuffisante puisque l’US Navy vient de demander au Congrès une rallonge de 20 millions de dollars supplémentaires pour en acquérir un nouveau lot. Les stocks de ces bouées acoustiques sont « tombés très bas après un rythme opérationnel inattendu en matière de lutte anti-sous-marine en 2017, ce qui a entraîné une consommation élevée de tout type/modèle/série », a-t-elle fait valoir.

La flotte russe de sous-marins est plus réduite que celle dont disposait la marine soviétique à l’époque de la Guerre Froide. Mais elle est qualitativement meilleure, avec de nouveaux bâtiments disposant de capacités accrues et d’équipages expérimentés.

En outre, l’activité de ces sous-marins russes, à proximité des câbles sous-marins de communication, inquiète.

« Nous voyons maintenant des activités sous-marines russes à proximité de ces câbles comme nous n’en avons jamais observé », avait assuré l’amiral Andrew Lennon, le chef des forces sous-marines de l’Otan, qui évoquait une « posture navale agressive » de la part de la marine russe.

Qui plus est, cette dernière pourrait bénéficier de nouvelles armes, comme le « drone » (ou la « torpille ») à propulsion nucléaire « Poséidon ». Ce système, qui, en novembre 2015, fit l’objet d’une « fuite » dont la raison a échappé aux analystes, a été officiellement dévoilé par le minstère russe de la Défense, le 19 juillet.

Selon les médias russes, le Poseidon pourrait emporter une charge nucléaire afin de pouvoir détruire des infrastructures côtières. Il serait également susceptible d’être utilisé contre des porte-avions.

« Les caractéristiques uniques du système Poséidon aideront la Marine [russe] à combattre des porte-avions et à attaquer des groupes d’adversaire potentiel dans n’importe quel théâtre de guerre océanique et à détruire les infrastructures côtières », a confirmé l’amiral Igor Katasonov, « analyste » en chef de l’état-major russe.

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