Vers la fin des vaches maigres pour les forces armées en Argentine?

À cause du « Processus de réorganisation nationale », c’est à dire la dicture militaire imposée par un « quarteron » de généraux responsables d’une terrible répression [30.000 « disparus » et 15.000 fusillés parmi les opposants] et de la guerre dite des « Malouines » [Falklands pour les Britanniques] ainsi que de la grave crise économique et financière que connut Buenos Aires en 2002, les forces armées argentines sont sur le déclin. Déclin symbolisé par le naufrage du sous-marin ARA San Juan, en novembre 2017 avec 44 marins à bord.

Au-delà du manque de moyen, et compte-tenu de leur rôle pendant la dictature militaire, les forces armées argentines ont vu leurs prérogatives diminuées. Qui plus est, il leur est difficule de trouver des relais au sein d’une opinion qui manifeste de la défiance à leur égard.

Ainsi, le décrit signé en 2016 par le président de centre-droit Mauricio Macri afin d’autoriser la Fuerza Aérea Argentina d’abattre tout aéronef soupçonné de se livrer à des activités illégales dans l’espace aérien » argentin suscita une vive controverse… alors que cette mesure, également prise par le Pérou un an plus tôt, visait à lutter contre la criminalité organisée et le trafic de drogue.

Quoi qu’il en soit, le président Macri est déterminé à tourner la page et à redonner du lustre aux forces armées de son pays, avec l’achat récent de cinq anciens Super Étendard Modernisés de la Marine nationale et celui, envisagé, de 4 patrouilleurs hauturiers de type « L’Adroit » auprès du français Naval Group.

« Nous, les Argentins, vivons dans une zone de paix et de stabilité, mais nous faisons partie d’un monde complexe où les menaces, les risques et les défis qui affectent les États exigent coordination et efficacité. Nous avons besoin de nos forces pour relever les défis du 21ème siècle », a en effet lancé M. Macri, cette semaine, à Campo de Mayo, l’une des plus grandes garnisons militaires en Argentine,

Le plan qu »il prévoit pour les forces armées propose de revenir sur une série de dispositions prises au cours de ces trente dernières années, c’est à dire qu’il entend à nouveau permettre aux militaires de prendre part à des opérations intérieures contre le crime organisé et le terrorisme [Buenos Aires a été le théâtre d’un attentat à voiture piégée en 1994, pour lequel des responsables iraniens sont soupçonnés, ndlr].

Plus précisément, l’armée serait désormais chargée d’assurer la protection des sites stratégiques et d’apporter un « soutien logistique aux frontières », en appui aux forces de sécurité intérieure. Mais cette disposition suscite une vive polémique au sein de l’opinion argentine.

Alors que le contexte économique argentin est difficile, au point que Buenos Aires a demandé une aide de 50 milliards de dollars au FMI en échange d’un énième plan d’austerité, M. Macri a décidé d’augmenter les soldes des militaires de 20%, alors qu’une hausse de seulement 8% avait été initialement annoncée.

La donne budgétaire incite à mettre un bémol à la volonté du président Macri de moderniser les équipements des forces argentines.

« Le peu que nous avons est assez vieux, mais aujourd’hui de nouveaux équipements apparaissent et un rééquipement des forces armées avec de nouvelles technologies est prévu », a souligné Oscar Aguad, le ministre argentin de la Défense.

Reste à résoudre l’équation budgétaire. Une solution viendrait des recettes tirées de la vente de « terres publiques. » Pas sûr que cela soit suffisant, d’autant plus que tout effort en faveur d’une institution déconsidérée au sein de l’opinion publique, qui plus est  dans une situation de crise économique, sera difficile à faire passer au niveau politique.

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