Capteurs intelligents et impression 3D devraient améliorer la disponibilité des blindés de l’armée de Terre

Lors d’une audition devant la commission de la Défense, à l’Assemblée nationale, Mme l’ingénieur général hors classe de l’armement [IGHCA] Monique Legrand-Larroche, récemment nommée à la tête de la Direction de la maintenance aéronautique [DMAé], avait estimé que l’intérêt de l’impression 3D était « limité » en matière de maintien en condition opérationnelle [MCO] des aéronefs. Et cela, même si des entreprises proposent désormais des services dans ce domaines, comme par exemple Prodways Group, filiale du groupe Gorgé.

En revanche, pour ce qui concerne la maintenance des matériels terrestres, l’impression 3D – ou technique de fabrication additive – pourrait jouer un rôle important pour assurer la disponibilité des véhicules de l’armée de Terre. C’est, en tout cas, ce qu’a affirmé Florence Parly, la ministre des Armées, lors de la présentation de la réforme du MCO-T [Maintien en condition opérationnelle – Terrestre], à Bruz, le 23 juillet.

Pour rappel, cette réforme repose sur une plus grande responsabilisation des différents acteurs du MCO-T, à commencer par les industriels, et la nécessité de « prévenir » plutôt que de « guérir ». Mais quelques technologies nouvelles auront également un rôle à jouer.

« Très concrètement, je veux miser sur les capteurs intelligents. Ces capteurs nous permettront une maintenance prédictive, adaptée à chaque matériel. Ils permettront d’anticiper les avaries, de les identifier et de les traiter avec bien plus de vitesse et de précision. Ils génèreront des données extrêmement précieuses pour adapter nos programmes et préparer ceux de demain », a ainsi affirmé Mme Parly.

« Ces capteurs devront être implantés dans tous les systèmes, dès leurs conceptions ; et je souhaite que nous établissions des accords de confidentialité très stricts pour protéger les données collectées. Et ces données, il nous faudra les exploiter, les analyser, mettre nos meilleurs ingénieurs et scientifiques pour les exploiter et adapter nos maintenances à la réalité de nos opérations », a encore ajouté la ministre.

Cette intégration de « capteurs intelligents » est déjà prévue dans le cadre du programme Scorpion, l’armée de Terre visant un taux de disponibilité opérationnelle [DTO] de 80% pour ses futurs blindés Griffon, Jaguar et Serval. L’idée est de pouvoir collecter automatiquement toutes les données relatives à l’état des composants critiques de ces véhicules (moteur, système de freinage, transmission) afin de pouvoir anticiper les besoins en pièces détachées et les opérations de maintenance.

Selon l’armée de Terre, ces capteurs intégrés seront des HUMS [Health and Usage Monitoring System, ndlr], lesquels permettent de « suivre en temps réel ou différé l’état de santé, de performance et de potentiel d’un équipement ou d’un système. » Et de préciser : « Le traitement de ces données doit permettre d’optimiser le calendrier de maintenance d’un système, de détecter ses faiblesses ou défauts de conception afin de pouvoir les traiter ou les prendre en compte pour la génération suivante, et de tendre vers de la maintenance prédictive ‘personnalisée’ des matériels. »

Outre les HUMS, l’impression 3D est appelée à jouer un rôle important, en paticulier sur les théâtres extérieurs, où il est question de créer des « groupes de maintenance » afin d’assurer des opérations « lourdes » sur les équipements pour éviter de les rapatrier systèmatiquement en France.

« Je veux miser, aussi, sur l’impression 3D. C’est un secteur en plein essor. Dans un futur proche, il permettra de produire des pièces manquantes, directement sur les théâtres d’opération, de faire des économies d’échelle remarquables et de révolutionner notre chaîne logistique. Beaucoup reste à faire, je le sais, mais nous ne passerons pas à côté d’une technologie aussi cruciale », a fait valoir Mme Parly.

L’impression 3D sera ainsi prise en compte dès la conception des nouveaux matériels afin de permettre la fabrication de pièces de rechange « dans les ateliers, y compris par les unités du matériel déployées sur les théâtres d’opérations. »

« L’opportunité que représente le programme Scorpion pour mettre en place ces nouvelles technologies et les règles d’exploitation associées va être saisie. L’État assistera l’industrie dans cette démarche qui devrait à moyen terme bouleverser les stratégies de maintenance des matériels », est-il expliqué dans la note de présentation de la réforme du MCO-T.

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