Un général mauritanien nommé à la tête de la Force conjointe du G5 Sahel

Le général malien Didier Dacko n’aura pas fait long feu à la tête de la Force conjointe du G5 Sahel [FC-G5], qui doit réunir 5.000 soldats fournis par le Mali, le Niger, le Burkina Faso, le Tchad et la Mauritanie pour lutter à la fois contre le terrorisme, le crime organisé et le trafic d’êtres humains. En effet, il sera remplacé par le général mauritanien Hanena Ould Sidi, lequel sera secondé par le général tchadien Oumar Bikimo.

Cette décision de remercier le général Dacko et son adjoint, le colonel burkinabè Yaya Séré, a été prise lors de la réunion du G5 Sahel, organisée à l’occasion du sommet de l’Union africaine qui s’est tenu à Nouakchott [Mauritanie], le 2 juillet dernier. Mais elle n’avait pas encore été officiellement annoncée. Il faut dire que, trois jours plus tôt, le quartier général de la Force conjointe, à Sévaré [Mali] avait été l’objet d’une « attaque complexe » revendiqué par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM]. Sans doute qu’il a été estimé que le moment n’était pas opportun…

Le remplacement du général Dacko à la tête de la FC-G5S traduit probablement une certain impatience à l’égard des autorités maliennes, à qui il est reproché, comme l’a dit Jean-Jacques Bridey, le président de la commission « Défense » à l’Assemblée nationale, de « ne pas être à la hauteur des enjeux et de la gravité de la situation. »

En outre, le général malien paie sans doute aussi pour la mort de 12 civils lors d’un opération menée en représailles de l’assassinat d’un soldat de la FC-G5S dans la région de Mopti, le 19 mai. Or, la force africaine est attendue sur le terrain des droits de l’Homme. C’est d’ailleurs à cause de doutes exprimés par les États-Unis à ce sujet qu’elle n’a pas pu bénéficier d’un financement des Nations unies.

Le général Ould Sidi a notamment dirigé le renseignement militaire mauritanien. Un domaine où, justement, la FC-G5S présente des carences. « Si l’état-major a été attaqué, c’est qu’il y a énormément de failles que nous nous devons de corriger si nous voulons stabiliser la région du Sahel », avait d’ailleurs commenté Mohamed Ould Abdel Aziz, le président mauritanien, après l’attaque du quartier général de Sévaré.

Quant au général Bikimo, il connaît très bien le Mali pour y avoir commandé les forces tchadiennes ayant participé à l’opération française Serval en 2013. Il a ensuite occupé les fonctions de chef adjoint de la force militaire de la Mission des Nations unies (MINUSMA) entre 2015 et 2016.

Cela étant, il reste à voir comment les forces maliennes, nigériennes et burkinabè prendront cette décision. Ces dernières ont été les seules à prendre part aux trois premières opérations menées par la FC-G5S sur le fuseau « centre », c’est à dire celui de la région dite des trois frontières (aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso).

En outre, ce changement ne réglera pas les problèmes qui se posent actuellement à cette force conjointe. L’argent promis pour son financement tarde à être débloqué, de même que les bataillons devant être mis à sa disposition n’ont pas tous été déployés. Et l’on ne parle pas du rythme (jugé trop lent) de son équipement, en particulier au niveau des transmissions. Initialement, la FC-G5S aurait dû atteindre sa pleine capacité opérationnelle en mars 2018…

« S’agissant de la Force conjointe du Groupe de cinq pays du Sahel,
l’équipe [de l’ONU] chargée de l’examen a estimé que ses résultats seraient limités, au moins dans un premier temps, si le problème de ses ressources limitées n’était pas rapidement réglé », a ainsi averti le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, dans son dernier rapport relatif à la situation au Mali.

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