Les armées peinent à atteindre leurs objectifs en matière de recrutement

En 2017, le ministère des Armées était autorisé à créer 2.433 postes [ou Équivalents temps plein travaillé, ETPT, ndlr] supplémentaires par rapport à l’année précédente. Cette décision, commes celles prises en 2015 et en 2016, devait permettre de prendre en considération leur intense activité opérationnelle.

Seulement, cet objectif en matière de recrutement n’a pas été atteint. « En 2017, l’augmentation des effectifs en réalisation aura donc été de 1.514 ETPT contre 2 433 prévus, soit 62 % seulement de l’objectif. La remontée amorcée en 2016 se trouve sensiblement atténuée en 2017 », note le député Olivier Gaillard, rapporteur spécial de la commission des Finances sur Budget opérationnel de la défense.

Comme le rappelle la Cour des comptes dans sa dernière note d’exécution budgétaire [NEB] relative à la mission Défense, le plafond d’emplois avait été fixé à 273.280 ETPT pour 2017. Et il n’a été couvert qu’à hauteur de 267.263 ETPT, ce qui fait un écart de 6.017. Ce déficit concerne essentiellement le personnel militaire, et en particulier les sous-officiers, en raison « de départs supérieurs aux prévisions auxquels s’additionnent de moindres recrutements. »

« Si la différence entre la prévision et l’exécution représente en 2017 2,2 % de l’effectif total prévu, la sous-exécution était déjà manifeste les années précédentes. Ce phénomène est certes lié, en partie, à l’ampleur des flux que le ministère doit gérer – une moyenne de 26.000 recrutements par an. Mais il tient aussi à des difficultés croissantes de recrutement et de fidélisation des personnels, alors que le marché du travail est très tendu pour certaines compétences techniques », relève ainsi M. Gaillard.

Justement, s’agissant de la fidélisation, le député Thomas Gassiloud, rapporteur pour avis sur les crédits de l’armée de Terre au sein de la commission de la Défense estime que les difficultés rencontrées « tiennent en partie au fait que les engagés, contrairement à leurs aînés, n’ont pas le temps du service militaire pour découvrir la réalité du métier de soldat et s’engager à titre professionnel en pleine connaissance de cause. »

En outre, a-t-il ajouté, « peut-être a-t-on un peu ‘survendu’ ce métier dans les campagnes de publicité pour le recrutement afin d’atteindre les ambitieux objectifs de recrutement fixés à partir de 2015. »

Cela est peut-être vrai pour les militaires du rang. Mais ça l’est moins pour les sous-officiers, dont ceux qui quittent l’uniforme sont aussi souvent les plus expérimentés. D’où, d’ailleurs, la politique de « réengagement » mise en place par l’armée de Terre, qui vise à permettre à des sous-officiers récemment rendus à la vie civile de « rempiler » sous certaines conditions.

Ce « sous-effectif » est regardé de près par Florence Parly, la ministre des Armées, car, a-t-elle expliqué lors d’une audition parlementaire, « il ne s’agirait pas qu’un certain nombre de fonctions particulièrement critiques pour notre ministère ne puissent être assurées. »

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