Le mouvement taleb afghan justifie la mort de civils lors des combats

Le 4 juin, au moins sept personnes ont été tuées dans un attentat revendiqué par la branche afghano-pakistanaise de l’État islamique [EI-K] et commis contre une réunion, à Kaboul, de dignitaires religieux afghans qui venaient de proclamer une fatwa [décret religieux, ndlr] estimant que « les attaques suicides » et, plus généralement, le terrorisme étaient « contraires à l’islam » et constituaient un « péché majeur ». Et le texte d’ajouter que les « guerres en cours en Afghanistan n’ont aucun fondement légal, seuls les Afghans en sont victimes. »

Dans un rapport publié en février, la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan [MANUA] avait relevé une hausse de 17% du nombre de victimes causées par des attentats et des attaques suicides par rapport à 2016, avec 602 morts.

« Un majorité, les civils ont été tués au cours d’attaques menées par les groupes anti-gouvernementaux. […] Les statistiques montrent que la plupart des civils sont morts à cause d’attaques suicide, d’engins explosifs improvisés, de combats au sol, de fusillades, ou de restes explosifs de guerre », avait alors expliqué Tadamichi Yamamoto, représentant spécial à la MANUA.

Mais cela n’émeut pas plus que ça le mouvement taleb afghan, qui vient de rejeter la fatwa prononcée par les oulémas visés par l’attentat du 4 juin. « Nous faisons tout notre possible pour éviter les victimes civiles », a-t-il affirmé, dans un communiqué. « Mais il y a aussi les effets d’une guerre et parfois, elle fait des victimes civiles […] Or, jamais les érudits religieux n’ont rejeté la légitimité du jihad [guerre sainte, ndlr] en raison de victimes civiles non intentionnelles », a-t-il fait valoir.

Quant à la fatwa des oulémas, elle « est sans objet au regard de la charia [loi islamique] et ne contient aucun susceptible de délégitimer la validité du jihad », estime le mouvement taleb afghan. « Elle évoque en termes généraux des valeurs morales et critique les victimes civiles des combats dont elle rend les moudjahidines responsables, mais notre jihad n’a pas pour objet de tuer des innocents », insiste-t-il.

En mai 2017, alors que les ONG accusaient la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis de faire de plus en plus de victimes civiles en Irak et en Syrie (mais cela valait aussi pour l’Afghanistan), le chef du Pentagone, James Mattis, avait répondu, à l’antenne de CBS, que c’était « un fait de la vie dans ce genre de situation ». Mais, avait-il ajouté, les États-Unis « font tout ce qui est humainement possible, compatible avec les nécessités militaires » pour éviter tout dommage collatéral.

« Nous n’avons pas changé les règles d’engagement des frappes, qui déterminent les précautions à prendre pour éviter les victimes civiles », avait insisté M. Mattis. « Il n’y a aucun affaiblissement de notre volonté de protéger des innocents », avait-il souligné.

Par ailleurs, quelques heures plus tôt, les taliban afghans ont aussi rejeté les appels de chefs tribaux et de représentants de la société civile en faveur d’une prolongation du cessez-le-feu, lequel avait été observé pendant trois jours à l’occasion de la fin du ramadan. « Ils ne parlent pas de l’occupation ou du retrait des étrangers. Leur objectif est que nous déposions les armes et que nous acceptions le régime imposé par les envahisseurs », a expliqué Zabihullah Mujahid, porte-parole du mouvement taleb.

Depuis, et alors que les autorités afghanes ont décrété unilatéralement une prolongation de ce cessez-le-feu, ce dernier a lancé plusieurs offensives, dont une a fait au moins trente tués dans les rangs de l’Armée nationale afghane [ANA], lors de l’attaque d’une base militaire dans la province de Badghis. Et d’autres attaques ont eu lieu dans 15 autres régions afghanes [Baghlan, Daykuni, Ghazni, Helmand, Jawzjan, Kaboul, Kapisa, Kunar, Kunduz, Logar, Nangarhar, Paktia, Paktika, Uruzgan et Warda]. Enfin, près de 80 policiers auraient été capturés dans la province de Wardak.

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