Remplacement des F-16 belges : Chef d’un parti de la coalition gouvernementale, Bart De Wever ne veut pas du Rafale

Le remplacement des F-16 MLU de la composante « Air » de la Défense belge n’en finit pas de faire des vagues… Après l’épisode de la fuite d’une étude de Lockheed-Martin suggérant que ces avions pourraient être prolongés pour quelques années supplémentaires, la candidature du Rafale au programme ACCap [Air Combat Capability Program], qui vise à acquérir 34 nouveaux chasseurs pour 3,6 milliards d’euros donne lieu à des tensions au sein du gouvernement.

Pour ce programme, Bruxelles a lancé un appel d’offres, auquel seulement deux industriels ont répondu : Lockheed-Martin avec son F-35A et le consortium Eurofighter avec le Typhoon. L’un et l’autre sont soutenus respectivement par les autorités américaines et britanniques. La France a fait le choix de ne pas participer à cette procédure et de proposer à Belgique un partenariat stratégique reposant sur la livraison de 34 Rafale de Dassault Aviation.

Le ministre belge de la Défense, Steven Vandeput, membre du parti « Alliance flamand » [Nieuw-Vlaamse Alliantie ou N-VA], ne cache pas son hostilité à la démarche française, quitte même à la déclarer hors-jeu et nulle et non avenue. Or, le Premier ministre, Charles Michel, membre du Mouvement Réformateur [MR] ne partage pas du tout ce point de vue.

Il y a quelques jours, M. Michel a donc « recadré » son ministre de la Défense en affirmant que toutes les options seraient étudiées, y compris la prolongation éventuelle des F-16 MLU comme l’offre française concernant le Rafale. Offre qui, par ailleurs, propose à la Belgique de participer au programme « SCAF » [Système de combat aérien futur], lancé conjointement avec l’Allemagne.

Seulement, le 24 juin, le chef de la N-VA, Bart de Wever, n’a laissé aucun doute sur les intentions de son parti. Invité dans un débat organisé par la chaîne de télévision VRT, il a dit tout le mal qu’il pensait au sujet du Rafale…

« L’avion de combat français Rafale n’est pas un bon plan, il n’est pas suffisamment performant pour notre défense. La prolongation des F-16 est exclue également », a ainsi déclaré M. de Wever. « 3,4 milliards pour un appareil qui permet de ne rien faire, cela n’a aucun sens », a-t-il ajouté. Comme l’Eurofighter appartient à la même génération que celle du Rafale, on devine l’appareil qui a les faveurs du chef de la N-VA. En clair : le F-35A.

« La France est un pays voisin, un partenaire économique important que nous devons traiter avec respect, et nous lirons bien sûr le dossier lorsqu’il nous sera donné. Je ne l’ai pas encore lu mais en ce qui me concerne, l’option du Rafale est exclue. Si on en vient à cela, alors je pense que nous ferions mieux de ne rien faire, mais c’est à la Défense de juger », a encore affirmé M. de Wever. On peut parier que ce dernier ne se donnera pas la peine de jeter un oeil sur les documents fournis par la partie française… À quoi bon, en effet, quand une opinion est déjà faite?

Quoi qu’il en soit, M. de Wever n’a pas manqué de s’attirer des critiques. Le chef de la N-VA est « devenu, en plus de tout le reste, aviateur, qui a étudié les 3.000 pages de l’offre française », a raillé le député centriste [cdH] Georges Dallemagne, qui a parlé d’une « nouvelle gifle particulièrement cinglante à l’égard du premier ministre Charles Michel, du MR et d’un partenaire de la Belgique tel que la France ».

En outre, le parlementaire a estimé le propos de M. de Wever « choquant pour les intérêts stratégiques de la Belgique. » Chef du groupe parlementaire de la cdH, Catherine Fonck a ironisé sur le fait que le patron de la N-VA considérait le Rafale « trop francophone et trop européen ». Et d’insister : « Ce refus d’examiner ce dossier de manière strictement objective est très dérangeante et de très mauvaise gestion. »

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