Otan : M. Trump tance le Canada pour la faiblesse de ses dépenses militaires

Comme disait le regretté Thierry Roland, après un tacle « dur » d’un défenseur  sur un attaquant, « ces deux-là ne passeront par leurs vacances ensemble ». Hormis le fait que l’un et l’autre sont des « héritiers » [le premier a fait fructifier les affaires de son père tandis que le second est le fils d’un ancien Premier ministre), le président américain, Donald Trump, et le chef du gouvenement canadien, Justin Trudeau, n’ont pas grand chose en commun. Et depuis le dernier sommet du G7, organisé à Charlevoix [Québec], ils sont à couteaux tirés.

Parmi les sujets de fâcherie, l’on peut citer l’affaire de la plainte déposée par Boeing contre l’avionneur canadien Bombardier, la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain [ALENA]ou, plus récemment, la décision de l’administration Trump d’augmenter les droits de douane sur l’acier et l’alumunium en invoquant des impératifs liés à la sécurité nationale. Ce qui a été très mal pris à Ottawa, où l’on souligne que les entreprises canadiennes ont exporté, en 2017, 5,8 millions de tonnes métriques d’acier, en direction des États-Unis (soit 17% toutes les importations américaines).

Leur dernière rencontre, à Charlevoix a par ailleurs donné lieu à quelques échanges d’amabilité entre les deux hommes. Ainsi, M. Trudeau a qualifié la hausse des tarifs douaniers américains sur l’acier et l’aluminium « d’insultants », ce qui a provoqué une vive réaction de M. Trump, ce dernier ayant retiré sa signature de la déclaration finale publiée à l’issue du sommet du G7, après avoir accusé le Premier ministre canadien d’être « faible » et « malhonnête ».

Le chef de la Maison Blanche n’en est pas resté là puisqu’il a averti que les critiques de M. Trudeau allaient « coûter cher » au Canada. Et c’est ainsi qu’il a rappelé l’engagement pris par Ottawa de porter les dépenses militaires canadiennes à 2% du PIB d’ici 2024, conformément à l’objectif défini par l’Otan lors du sommet de Newport, en septembre 2014.

Dans un courrier adressé le 19 juin à M. Trudeau, le président américain a fait part d’une « frustration croissante aux États-Unis que des alliés clés comme le Canada n’aient pas augmenté leurs dépenses de défense comme promis. » Et pour M. Trump, le fait que le Canada ne consacre pas 2% de son PIB à son budget militaire « compromet la sécurité de l’alliance » et conforte les autres membres « qui ne respectent pas non plus leurs engagements en matière de défense ».

Et après la rencontre houleuse du G7, il faudra sans doute s’attendre à un prochain sommet de l’Otan tout aussi « électrique ». En effet, dans son courrier, M. Trump avertit qu’il réclamera à nouveau le respect de cet engagement sur les 2% du PIB à cette occasion. Outre le Canada, l’Allemagne devrait en prendre aussi pour son grade… « Il sera de plus en plus difficile de justifier auprès des citoyens américains que certains pays continuent à ne pas respecter nos engagements communs de sécurité collective », fait en effet valoir le chef de la Maison Blanche.

Selon le dernier rapport de l’Otan, les dépenses militaires canadiennes représentent 1,29% du PIB. En juin 2017, Ottawa a présenté un plan « Protection, Sécurité, Engagement » dont l’objectif de porter le budget de la défense du pays de 18,9 milliards de dollars canadiens en 2016/17 à 32,7 milliards de dollars en 2026/27.

« Dans le cadre de la comptabilité d’exercice, les dépenses totales de la défense sur une période de 20 ans s’élèveront à 553 milliards de dollars. Cela permettra à la Défense nationale d’accroître la taille des
Forces armées canadiennes, d’affirmer l’engagement inébranlable du Canada envers ses alliances et ses partenariats de longue date et d’effectuer de nouveaux investissements vitaux pour s’assurer que les militaires, hommes et femmes, disposent d’outils et d’installations modernes dont ils ont besoin pour réussir dans leurs
opérations », fait valoir ce plan.

C’est ce qu’a donc rappelé la porte-parole du ministère canadien de la Défense, Renée Filiatrault, en réponse au courrier de M. Trump, en insistant sur le fait que la « participation du Canada aux opérations de l’Otan à travers le monde constituait un signe tangible de son engagement envers l’alliance transatlantique. »

Toutefois, cet effort annoncé dans le plan « Protection, Sécurité, Engagement » ne permettra pas au Canada d’atteindre l’objectif des 2% du PIB d’ici 2024, le niveau de ses dépenses militaires devant atteindre seulement 1,4% du PIB d’ici 2026/27.

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