L’aviation israélienne accusée d’avoir visé les milices chiites pro-Damas dans la province de Deir ez-Zor

Qui a bombardé, dans la nuit du 17 au 18 juin, des milices chiites pro-Damas dans les environs de Boukamal, c’est à dire près de la ligne de « déconfliction » qui sépare les Forces démocratiques syriennes [FDS], soutenue par la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis, et les troupes loyales au régime syrien?

Pour rappel, une cinquantaine de combattants pro-Damas auraient été tués [le bilan n’est pas officiel, ndlr] près de la localité d’al-Hari, au sud de Boukamal, ville qui a récemment été l’objet de violents combats entre les forces syriennes et ses alliés d’un côté et, de l’autre, les jihadistes de l’État islamique (EI ou Daesh), ces derniers étant par ailleurs mis sous pression par l’opération Roundup, menée sur l’autre rive de l’Euphrate par les FDS et la coalition.

Parmi les combattants pro-Damas tués, l’on compte au moins 22 membres de la Kata’ib Sayyid al-Shuhada [KSS], qui fait partie de la coalition de milices irakiennes Hachd al-Chaabi.

Pour Damas comme pour le Hachd al-Chaabi, il ne fait aucun doute que ce raid aérien a été effectué par la coalition anti-jihadiste [opération Inherent Resolve]. Or, cette dernière a dementi toute responsabilité dans cette affaire. « Nous sommes au courant de la frappe près de Boukamal, mais il n’y a pas eu de frappes des forces américaines ou de la coalition dans cette région. […] Nous cherchons qui pourrait en être à l’origine », a en effet affirmé le colonel Sean Ryan, son porte-parole.

Plus tard, un responsable militaire américain ayant requis l’anonymat a confié à l’AFP que le Pentagone avait « toutes les raisons de croire » que l’aviation israélienne était à l’origne des frappes effectuées à al-Hari. Des propos que l’état-major israélien a refusé de commenter, en avançant ne pas vouloir « s’exprimer sur des informations en provenance de l’étranger. »

Que l’aviation isralienne ait pu frapper des milices chiites à Boukamal, dans un secteur déjà fortement encombré par la présence des avions de la coalition anti-jihadite et ceux des forces aériennes russes et syriennes, est surprenant. En général, les actions d’Israël en Syrie visent à empêcher une implantation militaire iranienne et les transferts d’armes vers le Hezbollah, la milice chiite libanaise soutenue par Téhéran.

Toutefois, cette frappe est à mettre en regard des propos tenus par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, le 17 juin. « L’Iran doit se retirer de toute la Syrie. […] Nous agirons – nous agissons déjà – contre les efforts menés par l’Iran et ses mandataires pour établir une présence militaire en Syrie, que ce soit près de la frontière ou plus profondément en Syrie », avait-il dit. Et d’insister : « Nous agirons contre ces efforts où que ce soit en Syrie ». Comme à al-Hari?

Quant à la présence de la milice Kata’ib Sayyid al-Shuhada en territoire syrien, le Hachd al-Chaabi a assuré que ses combattants avaient été déployés le long de la frontière avec la Syrie, sur ordre des autorités irakiennes. Ce qu’a démenti, plus tard, le commandement militaire irakien, laissant ainsi entendre que les miliciens tués avaient agi de leur propre chef.

Quoi qu’il en soit, le ministère irakien des Affaires étrangères a condamné tout « opération aérienne » visant « les forces présentes dans les zones où elles combattent l’EI, que ce soit en Irak, en Syrie ou encore dans toute autre zone où il y a une bataille contre l’ennemi ».

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