Un ressortissant tunisien accusé d’avoir voulu fabriquer une « arme biologique » en Allemagne

En mai dernier, le ministre français de l’Intérieur, Gérard Collomb, avait révélé qu’une projet d’attentat avec une substance toxique, en l’occurrence de la ricine, venait d’être déjoué par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), avec l’arrestation, à Paris, d’un ressortissant égyptien âgé de 20 ans, repéré par son activité sur le réseau Telegram.

Lors d’une perquisition au domicile du suspect, depuis mis en examen et écroué, les policiers avaient mis la main sur des manuels techniques sur la fabrication d’explosifs et la manière d’utiliser un « poison puissant. »

Un mois plus tard, une affaire du même ordre est survenu en Alleamgne. Le 13 juin, une unité spéciale de la police allemande a arrêté un ressortissant tunisien âge de 29 ans, ainsi que sa compagne, lors d’une opération menée à Cologne dans le cadre d’une enquête ouverte en raison de possibles « violences graves à l’encontre de l’État ». Une formule qui désigne, outre-Rhin, une menace d’attentat.

D’après l’hebdomadaire Der Spiegel, qui cite des sources policières, l’individu en question a été repéré après les achats en ligne de composants pouvant servir à fabriquer un engin explosif, dans lequel il comptait intégrer des doses de ricine.

Pour rappel, considérée comme une substance biologique, la ricine est poison 6.000 fois plus puissant que le cyanure et 12.000 fois plus que le venin du crotale.

La décision d’intervenir a été prise après que cet individu, arrivé en Allemagne en novembre 2016, a acheté un produit chimique permettant d’extraire ce poison à partir de graines de ricin.

L’Office fédéral de protection de la constitution [Bundesamt für Verfassungsschutz ou BfV, c’est à dire le renseignement intérieur allemand, ndlr] aurait été informé de la dangerosité potentielle de cet individu par « des autorités étrangères », écrit Der Spiegel. Le journal allemand Bild va plus loin en affirmant que c’est la CIA qui aurait alerté Berlin.

En outre, le suspect aurait exprimé de la sympathie à l’égard de l’État islamique (EI ou Daesh) sur les réseaux sociaux. Et les plans qu’il a utilisé pour mettre au point sa bombe à la ricine viendraient de l’organisation jihadiste, avance l’hebdomadaire allemand.

« À partir de mi-mai, Sief Allah H. a commencé à se procurer l’équipement et les substances nécessaires à la fabrication de ricine. Il a notamment acheté à une société de vente par correspondance sur internet 1.000 graines de ricin et un moulin à café électrique », a confirmé, ce 14 juin, le parquet général fédéral de Karlsruhe, compétent pour les affaires de terrorisme. Toutefois, il n’a pas été établi (du moins pas encore) une éventuelle appartenance du suspect à Daesh.

Par ailleurs, la compagne du suspect a été remise en liberté.

Par le passé, des membres du réseau jihadiste al-Qaïda avaient tenté de commettre des attaques en utilisant du ricin. Des cellules furent en effet démantelées au Royaume-Uni et en France, en 2002 et en 2003. Et les organisations terroristes n’ont jamais renoncé à ce mode d’action. En 2011, il avait été rapporté qu’al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) cherchait à mettre au point des bombes au ricin.

En février 2016, les autorités marocaines annoncèrent l’arrestation de 10 individus qui, soupçonnées d’être liées à Daesh, s’apprêtaient « utiliser des substances toxiques et biologiques mortelles » dans un projet d’attentat. « Certaines des substances saisies sont classées par les organismes internationaux spécialisés dans la santé comme dans la catégorie des armes biologiques dangereuses pour leur capacité à paralyser et détruire le système nerveux et causer la mort » de la personne atteinte, avait expliqué le ministère marocain de l’Intérieur.

Aussi, dans son rapport « Chocs futurs », publié en 2017, le Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale (SGDSN) a souligné que  « la volonté manifeste de certains groupes terroristes d’acquérir tout type de substances nucléaire, radiologique, biologique et chimique (NrBC) afin de réaliser des armes qui seront présentées comme des armes de destruction massive fait l’objet d’une acuité particulière. »

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