Des Rafale bientôt déployés dans la région Indo-Pacifique

Comme l’a encore récemment rappelé Florence Parly, la ministre des Armées, à l’occasion du forum Shangri-la Dialogue, la région Asie-Pacifique (ou « Indo-Pacifique, comme il est désormais convenu de dire) est stratégique non seulement pour la France mais aussi pour la sécurité internationale.

Prolifération nucléaire, avec notamment la Corée du Nord, terrorisme, avec le développement de cellules liées à l’État islamique en Asie du Sud-Est, en particulier dans le sud des Philippines et en Indonésie, tensions en mer de Chine méridionale avec une remise en cause du droit maritime international, différends territoriaux, et conséquences du changement climatique… Tels sont les enjeux qui exigent, du point de vue de Paris, une coopération accrue dans cette partie du monde.

En outre, la France y est présente, avec ses départements et territoires d’outre-Mer (soit 1,5 millions d’habitants). Sa zone économique exclusive s’y étend sur 9 millions de km² et elle y compte 200.000 expatriés dans les pays de la région. Sur le plan économique, en 2017, la zone Indo-Pacifique représente 33,7% de ses exportations hors Union européenne (14% au total, et hors équipements militaires) et 41% de ses importations hors UE (17%).

En 2014, ayant fait le constat que, malgré des intérêts évidents, la France négligeait alors la région Asie-Pacifique, un rapport du Sénat avait établi une feuille de route pour y rétablir l’influence française. Et il préconisait une présence « régulière et visible » de la Marine nationale dans cette zone. D’où l’envoi, quasiment chaque année, de la mission « Jeanne d’Arc » dans les eaux d’Asie et d’Océanie.

Depuis ce rapport, la France a confirmé des partenariats déjà anciens (comme avec l’Inde) et approfondi ses relations, en particulier dans le domaine de la défense, avec le Japon et l’Australie (le contrat attribué à DCNS pour la livraison de 12 sous-marins y contribue largement). Mais c’est aussi le cas la Malaisie, Singapour, la Nouvelle-Zélande, l’Indonésie et le Vietnam. Et, évidemment, les États-Unis.

Par ailleurs, un autre rapport, publié quasiment au même moment, mais cette fois par la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS), avait estimé que la « France devait être capable d’agir militairement » dans la région Indo-Pacifique pour faire « face à une menace pouvant affecter sa sécurité. »

Et c’est probablement sous cet angle qu’il faut considérer la mission PEGASE 2018. Cette dernière consistera à déployer 90 aviateurs de diverses spécialités (dont des fusiliers commandos de l’Air), 3 Rafale de la base aérienne 104 d’al-Dhafra [Émirats arabes unies], un avion ravitailleur C-135FR et un Airbus A-310 dans la région Indo-Pacifique. Un Casa CN-235 des forces armées de Nouvelle-Calédonie (FANC) complétera ce dispositif.

En effet, dans un premier temps, l’armée de l’Air prendra part à l’exercice biannuel Pitch Black, organisé du 27 juillet au 17 août par la Royal Australian Air Force (RAAF).

« Les équipages s’entraîneront à la mission d’entrée en premier face à un État-puissance. Cet exercice multinational contribue à la préparation opérationnelle des équipages de l’armée de l’Air et renforce la coopération militaire avec les États participants, notamment Singapour, la Thaïlande, l’Indonésie, l’Inde et la Malaisie », fait-on valoir au ministère des Armées.

Pourquoi cette mission s’appellera-t-elle PEGASE? Tout simplement parce qu’il n’est nullement question du cheval ailé de la mythologie grecque mais de l’acronyme de « Projection d’un dispositif aérien d’Envergure en Asie du Sud-Est. » Projection qui sera conduite du 19 août au 4 septembre.

Il s’agit ainsi de « renforcer aussi la présence de la France dans cette zone d’intérêt stratégique et de valoriser les capacités aériennes de projection de puissance française », explique le ministère des Armées.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]