L’Otan salue la volonté de l’Allemagne de porter ses dépenses militaires à 1,5% du PIB d’ici 2025

Mécontente du plan triennal budgétaire concocté par le social-démocrate Olaf Scholz, son homologue aux Finances, la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen a engagé un bras de fer afin d’obtenir la hausse des crédits qu’elle exigeait pour financer les énormes besoins de la Bundeswehr, dont l’état de préparation est jugé préoccupant.

Et, visiblement, Mme von der Leyen est en passe d’avoir gain de cause. Le 14 mai, pour la première fois depuis 6 ans, la chancelière allemande, Angela Merkel, a participé à la conférence annuelle de la Bundeswehr. Et, à cette occasion, elle a réaffirmé l’objectif de porter les dépenses militaire du pays à 2% du PIB, conformément à l’engagement pris par Berlin lors du sommet de l’Otan organisé à Newport, en septembre 2014. Toutefois, elle s’est gardé de donner une échéance pour y arriver.

« L’objectif des 2% [du PIB] n’est pas un ‘fétiche' », a déclaré Mme Merkel. « Les missions de la Bundeswehr rend ce montant nécessaire à l’avenir. Il en va également de la crédibilité de l’Allemagne », a-t-elle ajouté, en rappelant, au passage, que durant la Guerre Froide, le budget militaire allemand était équivalent à 2,3% du PIB.

En outre, Mme Merkel a justifié cet effort en évoquant la situation internationale, et en particulier la Syrie. « Le conflit syrien a atteint des proportions telles qu’une comparaison avec la guerre de Trente Ans en Europe n’est presque pas présomptueuse », a-t-elle estimé. La paix de Westphalie ayant été négociée entre 1641 et 1648 aux Congrès de Münster et d’Osnabrück, la chancelière allemande pense que, « de ce processus, on peut encore apprendre beaucoup aujourd’hui pour la solution des conflits. »

Actuellement, les crédits alloués à la Bundeswehr représentent 1,24% du PIB. Et ce niveau devrait être maintenu en 2019 si le plan budgétaire d’Olaf Scholz reste en l’état. Or, Mme Merkel a annoncé un niveau plus ambitieux étant que, finalement, le budget militaire allemand serait porté à 1,5% du PIB d’ici 2025. Soit à environ 50 milliards d’euros.

« Au sommet de l’Otan, à Bruxelles, nous montrerons que nous voulons atteindre une part des dépenses de défense de 1,5% du PIB d’ici 2025 », a ensuite confirmé Mme von der Leyen, qui a également promis une réforme du processus d’approvisionnement de la Bundeswehr, lequel explique, en partie, l’état dans lequel se trouve cette dernière.

« La tâche la plus exigeante de la Bundeswehr est la défense du pays et de l’Alliance [atlantique] », a ensuite souligné Mme von der Leyen. Or, a-t-elle continué, cette « tâche a été négligée au cours des 25 dernières années en faveur des missions étrangères. Aussi, il y a là un « beaucoup de retards à combler. »

Pour autant, l’objectif affiché est largement en-deçà de l’objectif des 2% du PIB auquel Berlin a souscrit en septembre 2014. Toutefois, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a salué un « pas qui va dans la bonne direction. »

« Je me réjouis du fait que l’Allemagne a arrêté les coupes et commencé à augmenter [ses dépenses militaires], et a annoncé des plans pour les augmenter de 80% sur une décennie », s’est en effet félicité M. Stoltenberg.

« Les dépenses de défense des alliés européens et du Canada ont augmenté de 3,8% depuis le début de l’année 2018, ce qui signifie qu’ils ont dépensé 87 milliards de dollars [depuis 2015] », a par ailleurs fait valoir l’ancien Premier ministre norvégien. « Je ne dis pas que cela suffit mais ce sont des résultats prometteurs », a-t-il dit.

« Nous ne devons pas oublier d’où vient l’Allemagne. Les inversions de tendance se sont installées, la Bundeswehr se développe à nouveau, elle est en cours de modernisation », a, de son côté, rappelé Mme von der Leyen. Concrètement, le budget de la Bundeswehr devrait passer de 38,5 milliards d’euros en 2018 à 41,5 milliards en 2019.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]