Le Qatar dit avoir l’ambition d’adhérer à l’Otan

Cela fait maintenant près d’un an que le Qatar n’a plus de relations diplomatiques avec les autres monarchies sunnites du golfe arabo-persique et l’Égypte, en raison de sa proximité avec la confrérie des Frères musulmans, accusée d’être une organisation terroriste, et de ses rapports avec l’Iran.

Bien que proche de la Turquie (qui dispose d’une base militaire dans l’émirat, tout comme, d’ailleurs, les États-Unis), Doha pratique la diplomatie du chèque pour éviter l’isolement.

D’où les commandes d’armement négociées au cours de ces derniers mois auprès des industriels occidentaux (notamment français, italiens, américains et britanniques). Et l’on se demande ce que la force aérienne qatarie fera des 96 nouveaux avions de combat qu’elle recevra dans les années qui viennent (36 Rafale, 24 Eurofighter Typhoon et 36 F-15EQ).

Par ailleurs, le Qatar s’est rapproché aussi de la Russie, en signant des accords de coopération militaire et en néogociant l’achat du système de défense aérienne S-400.

Dans le même temps, en mars dernier, l’émirat a signé un accord de sécurité avec l’Otan. Ce dernier sert désormais de « cadre pour la protection des échanges d’informations classifiées », ce qui doit permettre « une mise en œuvre aussi efficace que possible des programmes individuels de partenariat et de coopération [IPCP] conclus » avec l’Alliance au titre de l’Initiative de coopération d’Istanbul [ICI].

Pour rappel, l’ICI a été lancée en 2004 par l’Otan afin d’établir un partenariat avec quatre pays du golfe arabo-persique, à savoir Bahreïn, le Koweït, le Qatar et les Émirats arabes unis.

En outre, cet accord de sécurité vise aussi à permettre au personnel de l’Otan d’entrer et de transiter par le Qatar et d’y utiliser la base d’al-Udeid. Il « facilitera les missions et les opérations de l’Otan dans la région, y compris la mission d’appui en Afghanistan », avait alors commenté Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Alliance atlantique.

Mais, visiblement, Doha entend aller encore plus loin. « Le Qatar est devenu l’un des pays les plus importants de la région en termes de qualité de l’armement », a affirmé Khaled ben Mohammed al-Attiyah, le ministre qatari de la Défense, dans le magazine Altalaya. « Nous sommes un allié principal hors Otan [des Occidentaux] », a-t-il ajouté. Aussi, « l’ambition est de de devenir membre à part entière si notre partenariat avec l’Otan se développe et si notre vision est claire », a-t-il affirmé.

En attendant, le responsable quatari, en soulignant les relations « croissantes » avec l’Alliance atlantique, a estimé que l’émirat pourrait accueillir des « unités de l’Otan ou l’un de ses centres spécialisés. »

Cela étant, le Qatar n’a aucune chance d’adhérer à l’Otan.  Conformément à l’article 10 de l’Atlantique-Nord, « tout pays européen susceptible de favoriser le développement des principes du Traité de Washington et de contribuer à la sécurité de la région euro-atlantique peut devenir membre de l’Alliance à l’invitation du Conseil de l’Atlantique Nord », rappelle l’organisation.

Qui plus est, « les pays candidats à l’adhésion […] doivent aussi respecter certains objectifs politiques, économiques et militaires pour être à même de contribuer à la sécurité de l’Alliance et pour en bénéficier. »

En revanche, le Qatar peut espérer obtenir le statut de « partenaire mondial » de l’Otan, comme l’Australie, le Japon et, plus récemment, la Colombie.

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