La Pologne est prête à dépenser 2 milliards de dollars pour une présence militaire américaine permanente sur son sol

Ces derniers jours, la relève de la 2e brigade blindée de la 1ère Division d’Infanterie par la 1ère brigade blindée de 1ère division de cavalerie est l’occasion pour l’US Army de se livrer à un exercice à grande échelle destiné à valider les compétences logistiques nécessaires en cas de grave crise en Europe.

Ainsi, plus de 1.000 véhicles blindés et à chenilles (dont des 87 chars Abrams, 140 Bradley et 18 obusiers) doivent débarquer au port belge d’Anvers, dans le cadre d’une opération appelée « Fort to port ». Les différents éléments de cette brigade blindée rejoindront ensuite leur zone d’affectation par le rail et la route, ainsi que par la voie fluviale entre Anvers et Mannheim.

Puis, après l’exercice Saber Strike, qui aura lieu entre le 3 et le 15 juin en Pologne et dans les pays balte, la 2e brigade blindée, avec ses équipements, prendra la chemin du retour vers les États-Unis, en passant par le port allemand de Bremerhaven.

Une partie de la 1ère brigade blindée américaine sera déployée en Pologne, au titre de la Présence avancée rehaussée de l’Otan, décidée en juillet 2016 lors du sommet de Varsovie afin de dissuader la Russie.

Lors de la dernière session de l’Assemblée parlementaire de l’Otan (AP-Otan), qui vient de se terminer à Varsovie, la Pologne, via le député conservateur Marek Opiola, a une nouvelle fois souligné l’importance que peut avoir le flanc oriental de l’Alliance.

Et le député italien Paolo Alli, le président de l’AP-Otan, n’a pas dit autre chose en estimant qu’il fallait « renforcer en premier lieu la dissuasion sur le flanc oriental, parce qu’on ne voit pas jusqu’à présent de changement dans le comportement de la Russie. » Toutefois, il a aussi défendu la nécessité d’avoir une double approche à l’égard de Moscou, à savoir une « forte dissuasion et une ouverture au dialogue. »

Ce renforcement du flanc oriental de l’Otan est tellement important à ses yeux que la Pologne est même prête à dépenser entre 1,5 et 2 milliards de dollars pour participer aux frais que générerait la présence permanente d’une brigade blindée américaine sur son territoire. Cette information, donnée par Pawel Soloch, le chef du Bureau de sécurité nationale à la présidence polonaise, a été confirmée ce 29 mai par le ministère de la Défense.

Selon un document – authentique – diffusé par le portail d’informations Onet.pl et intitulé « Proposition pour une présence américaine permanente en Pologne », traduit une « action positive du ministère [polonais] de la Défense, menée depuis quelque temps » et doit être considéré « comme une sorte de tract publicitaire », selon M. Soloch.

La proposition polonaise, qui pourrait convaincre l’homme d’affaires Donald Trump (mais le président?), prévoit notamment l’amélioration des infrastructures destinées à accueillir les militaires américains.

« Oui, nous sommes intéressés par une présence accrue des forces américaines dans notre pays et nous soumettons – y compris à des organisations telles que les think tanks – des options que nous pourrions offrir si de telles décisions (d’envoyer plus de troupes) étaient adoptées », a expliqué M. Soloch. A priori, une option européenne, avec par exemple l’équivalent d’une brigade blindée multinationale qui tiendrait quartier en Pologne, n’a pas été envisagée par Varsovie.

Reste que la Russie n’a pas manqué de réagir, comme elle avait fait quand il était question d’installer des composants du bouclier antimissile américain en Pologne. S’il a estimé qu’une telle décision relève de la souveraineté polonaise, Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, a estimé que ses « conséquences pour l’atmosphère de sécurité sur le continent sont évidentes. »

Et d’ajouter : « L’expansion progressive des structures militaires de l’Otan en direction de nos frontières […] ne bénéficie en aucune façon à la sécurité et à la stabilité sur le continent » et amène « à des mesures de rétorsion de la part de la Russie pour rééquilibrer la parité chaque fois violée. »

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