La disponibilité des hélicoptères d’attaque Tigre reste encore insuffisante

En 2016, le taux de disponibilité technique des hélicoptères d’attaque Tigre en dotation au sein de l’Aviation légère de l’armée de Terre (ALAT) ne dépassait pas les 25%. Deux ans plus tard, qu’en est-il?

Pour le général Charles Beaudouin, sous-chef d’état-major chargé des plans et des programmes de l’état-major de l’armée de terre, ce sujet est toujours d’actualité. Il est même « le plus important » pour lui étant donné, comme il a admis lors d’une récente audition à l’Assemblée nationale, la « disponibilité » du Tigre est « insuffisante ».

« Une vingtaine est disponible en permanence sur un total de 70. En effet, 20 ou 25 sont en réparation légère ou entretien courant tandis que le dernier tiers est chez l’industriel pour révision », a en effet expliqué le général Beaudouin, qui a précisé que l’objectif de l’EMAT était de pouvoir disposer de 40 exemplaires pour les opérations.

Cela étant, le tableau n’est pas aussi noir, car, comme le général Beaudouin l’a indiqué, les Tigre immobilisés pour entretien au sein de leur unité seraient « disponibles au claquement de doigt. » Et d’ajouter : « Nous n’avons pas besoin d’avoir l’ensemble de la capacité disponible en même temps. »

Reste que cette situation oblige l’ALAT a faire des « vols de substitution », c’est à dire qu’un « pilote de Tigre effectue plusieurs heures d’entraînement sur Gazelle », ce qui ne se voit pas dans d’autres forces armées. « Nos camarades anglais et américains volant sur Apache ne font pas d’heures de substitution sur d’autres hélicoptères », a fait valoir le général Beaudouin.

L’amélioration de la disponibilité des Tigre passe donc, à ses yeux, par une révision du marché relatif au maitien en condition opérationnelle (MCO) de ces appareils, celui en vigueur, passé au début des années 2000, étant « archaïque » étant donné qu’Airbus « n’est pas très responsabilisé ».

« Nous voulons intéresser plus directement Airbus au résultat, à la performance. Encore faut-il que l’industriel l’accepte et accepte de prendre des risques à son niveau. Nous considérons que, puisque nous en prenons, Airbus doit en prendre également. Il s’agirait d’une démarche gagnant-gagnant, consistant à fixer l’objectif d’avoir dix Tigre en permanence disponibles en plus d’ici 2022. Si nous n’arrivons pas à passer ce marché, nous stagnerons », a expliqué le général Beaudouin.

Plus tard, ce dernier est revenu sur ce sujet en défendant l’idée qu’il faudrait pouvoir « s’appuyer sur un marché réactif de soutien et de pièces de rechange à temps, de stocks à temp. »

« Or, le premier marché de réparation du Tigre a été notifié en 2012. Le Tigre a été lancé en 2005. Pendant sept ans, les composants à réparer ont été immobilisés! Ce système magnifique s’est fait ‘tacler’ dès le départ ! Il a eu du mal à s’en remettre », a rappelé le général Beaudouin. Et cela, en partie en cause de l’Allemagne qui, en désaccord avec les l’industriel sur les prix, a « bloqué le marché au sein de l’organisme conjoint de coopération en matière d’armement (OCCAr). »

Pour rappel, la Loi de programmation militaire 2019-2025 prévoit la modernisation, à mi-vie, des Tigre HAD [appui et destruction, ndlr] de l’ALAT, en les portant au standard Mk3.

« Le Tigre est un appareil particulièrement sûr pour ses équipages. Il est un véritable facteur de supériorité, indispensable sur les théâtres. En outre, traité des obsolescences par une nouvelle avionique, le troisième standard permettra d’y intégrer un nouveau viseur et un nouveau missile, qui améliorera encore ses performances en la matière », a commenté le général Beaudouin.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]