Des navires russes ont approché les eaux territoriales britanniques à 33 reprises en 2017

Le 25 décembre dernier, alors que la Royal Navy était confrontée à une pénurie de navires de premier rang disponible, la frégate de type 23 HMS St. Albans fut sollicitée pour un bâtiment russe de même nature, à savoir « l’Amiral Gorchkov », qui naviguait alors près des eaux territoriales britanniques.

La veille, le patrouilleur HMS Tyne avait escorté un navire de renseignement (dont précisé) en Manche et en mer du Nord tandis qu’un hélicoptère Wildcat du 815 Naval Air Squadron, basé à Yeovilton, dut garder un oeil sur deux autres bâtiments de la marine russe.

« La saison des fêtes voit une recrudescence des unités russes transitant par les eaux britanniques », souligna alors la Royal Navy, dans un communiqué rapportant cette activité opérationnelle.

Cela état, la présence de navires russes dans les zones d’intérêt du Royaume-Uni n’est désormais plus un fait inédit. En effet, intervenant lors d’un colloque du Royal United Service Institute (RUSI) dédié à la guerre navale, le ministrè britannique de la Défense, Gavin Williamson, a révélé que 33 incidents de ce type avaient été constatés en 2017.

« Regardez la résurgence de la Russie sous le président Poutine. Son activité sous-marine a été décuplée dans l’Atlantique Nord. Mais ce n’est pas tout. En 2010, un navire de la Royal Navy avait été appelé une seule fois pour surveiller des bâtiments de la marine russe approchant les eaux territoriales britanniques. L’année dernière, cela s’est produit 33 fois », a en effet déclaré M. Williamson, pour qui le Royaume-Uni « doit rapidement accepter » un « nouvel âge de la guerre. »

En novembre 2017, M. Williamson avait tenu des propos similaires, mais à propos des sous-marins russes. Leur « activité » près des côtes britanniques « a été multipliée par dix au cours des six dernières années », avait-il avancé, ce qui rejoignait les estimations de plusieurs responsables de l’Otan, pour qui le nombre de submersibles russes n patrouille dans l’Atlantique Nord était sensiblement équivalent à celui constaté durant la Guerre Froide.

Et cela fut d’ailleurs confirmé par l’amiral Vladimir Korolyov, le chef de la marine russe. En mars 2017, il avait en effet indiqué que ses sous-marins avaient passé plus de 3.000 jours en mer durant l’année 2016.

Mais par rapport à la Guerre Froide, et comme Moscou en a fait une priorité, les sous-marins russes sont encore plus performants, qu’ils soient à propusion nucléaire (Boreï et Iassen) ou conventionnelle (Lada, Improved Kilo). Ces navires disposent de meilleurs systèmes de combat, de capacités accrues et d’un rayon d’action plus important. En outre, leurs équipages seraient mieux formés et entraînés que par le passé.

Le souci pour le Royaume-Uni est qu’il n’a pas toujours les moyens de répondre à cette hausse de l’activité russe près de ses côtes, en particulier pour ce qui concerne le domaine de la lutte sous-marine. Les avions de patrouille maritime Nimrod ayant été mis en rancart en 2010, il est contraint de faire appel à ses alliés de l’Otan (notamment à la France, aux États-Unis et au Canada). Cette rupture capacitaire sera comblée avec la mise en service prochaine de 9 P-8 Poseidon, commandés auprès de Boeing.

Quoi qu’il en soit, cette activité de la marine russe justifie la réactivation de la 2e Flotte de l’US Navy (annoncée début mai) ainsi que celle de l’ex-Commandement allié Atlantique (SACLANT) de l’Otan, afin d’assurer la protection des routes maritimes dans l’Atlantique-Nord.

Photo : Royal Navy

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