Décès d’Yves de Daruvar, le dernier représentant de la 2e DB parmi les Compagnons de la Libération

L’Élysée a annoncé, ce 28 mai, le décès d’Yves de Daruvar, qui, à l’âge de 97, était le dernier représentant de la 2e Division Blindée (DB) du général Leclerc parmi les Compagnons de la Libération.

Descendant d’une vieille famille de la noblesse hongroise, Imre de Daruvari voit le jour le 31 mars 1921 à Istanbul, où son père, un ancien officier, s’était retiré. Après le divorce de ses parents, il suit sa mère, d’origine iranienne, et sa soeur à Paris, à la fin des années 1920.

Élève du lycée Janson de Sailly, puis du lycée Louis-le-Grand, il francise son nom pour s’appeler « Yves de Daruvar ». Il prépare le concours d’entrée de l’École coloniale quand l’Allemagne envahit la Pologne, en septembre 1939. Bien que n’étant pas de nationalité française, il tente de s’engager durant la campagne de France de mai-juin 1940.

Sur les conseils de gendarmes, il par, en vélo, à Bordeaux, où le gouvernement s’est replié, avec l’idée de gagner le Maroc pour s’engager. À Saint-Jean-de-Luz, Yves de Daruvar parvient à embarquer clandestinement à bord du Batory, un navire devant évacuer les troupes polonaises en Angleterre. Et finalement, c’est à Plymouth qu’il débarque, le 25 juin 1940. De là, il se rend à Londres où il rejoint les rangs des Forces françaises libres. Il n’a alors que 19 ans.

Affecté au Bataillon de Chasseurs de Camberley, Yves de Daruvar est admis, en décembre, au sein du peloton d’élèves aspirants. Puis, en juin 1941, il débarque à Pointe-Noire, au Congo. Puis, à Faya-Largeau, il rejoint le 2e peloton de la 1ère Compagnie de découverte et de combat du Régiment de Tirailleurs sénégalais du Tchad (RTST), avec lequel il prend part, sous les ordres du futur général Leclerc, à la première campagne du Fezzan.

Lors de la seconde campagne du Fezzan, l’apirant de Daruvar se distingue avec le Groupe Nomade du Tibesti, notamment lors de la prise de la position fortifiée d’El-Gatrun.

Puis, en 1943, il dirige des patrouilles de nuit lors des campagnes de Tripolitaine, afin de collecter des renseignements sur les mouvements ennemis. Le 21 avril, au Djebel Garci, il est blessé à la tête, puis plus gravement aux jambes quatre jours plus tard. Hospitalisé en Égypte, Yves de Daruvar interrompt son traitement pour retrouver le Régiment de Marche du Tchad (RMT), afin de ne pas manquer la Campagne de France qui s’annonce. Il part en Angleterre avec l’ensemble de la 2e DB, en tant qu’officier d’ordonnance du colonel Dio.

En août 1944, Yves de Daruvar débarque en Normandie où, à sa demande, il prend le commandement de la 1ere section de combat de la 10e compagnie du RMT, qu’il mènera avec audace et sang-froid, notamment à Ancelot où cette dernière fera de nombreux prisonniers parmi l’ennemi. Malheureusement, le 17 septembre, il est de novueau gravement blessé aux jambes. Au point que la guerre est terminée pour lui.

Ce n’est qu’en novembre 1944 que le lieutenant Yves de Daruvar obtiendra la nationalité française. Il peut alors suivre les cours de l’École coloniale (d’où il sortira major de sa promotion) et, après sa démobilisation, il part étudier pendant 6 mois aux États-Unis grâce à une bourse. Puis il entame une carrière au sein de l’administration coloniale (Madagascar, Mauritanie, Côte d’Ivoire et Cameroun), avant de devenir directeur par intérim de l’Office du Tourisme de l’AOF à Dakar (1958-1959) puis secrétaire général de la Côte française des Somalies (1959-1962).

Nommé Haut-commissaire de la République aux Comores en1962, il rejoint le Commissariat à l’Énergie Atomique, où il terminera sa carrière professionnelle, en 1981.

Compagnon de la Libération, Yves de Daruvar était aussi Grand Croix de la Légion d’Honneur et titulaire la Croix de Guerre 39/45 avec 4 citations, de la Croix de Guerre des TOE et de la Médaille coloniale avec agrafes « AFL », « Koufra », « Fezzan 1942 », « Fezzan-Tripolitaine », « Tunisie 42-43 ».

Photo : Ordre de la Libération

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