La maîtrise des espaces aériens va être un « enjeu majeur » pour l’armée de l’Air et la Royal Air Force

De la Première Guerre Mondiale à la récente opération Hamilton, en passant par les unités de la France Libre intégrée à la Royal Air Force ou encore à l’affaire de Suez, les forces aériennes françaises et britanniques affichent une proximité qui ne s’est jamais démentie depuis les débuts de l’aviation militaire.

Aussi, pour marquer cette entente, les aviateurs français ont rendu hommage à leurs homologues britanniques en organisant, le 25 mai, aux Invalides, une cérémonie pour commémorer le centenaire de la Royal Air Force [RAF], officiellement créée le 1er avril 1918.

« De toutes les visites que j’effectue cette année pour marquer le centenaire de la Royal Air Force, celle qui a peut-être la plus grande résonance historique est ma visite en France », a ainsi affirmé l’Air Chief Marshal Stephen Hillier, le chef d’état-major de la RAF. « Nous faisons donc ensemble face au défi du terrorisme international, mais nous nous tenons également côte à côte, confrontés à un climat international de plus en plus sombre, dans lequel les menaces que font peser des États revanchards et leurs alliés ne cessent de grandir aussi bien en nombre qu’en dangerosité », a-t-il ensuite souligné.

Un constat partagé par le général André Lanata, le chef d’état-major de l’armée de l’Air [CEMAA]. « La Royal Air Force et l’armée de l’Air démontrent chaque jour qu’elles sont au rendez-vous des opérations, tant dans la lutte contre le terrorisme que face à des menaces étatiques », a-t-il dit, avant d’estimer que l’une et l’autre doivent « continuer de faire évoluer les concepts et développer les moyens de la puissance aérienne militaire au service de la défense de nos citoyens. »

Et c’est une nécessité, comme l’a expliqué le général Lanata. « Nos adversaires, nos rivaux ont compris l’avantage que nous tirions de notre puissance aérienne […] aujourd’hui (ils) développent des stratégies de déni d’accès aux espaces aériens de plus en plus robustes », a-t-il dit, avant de souligner que « la perte d’un avion de chasse israélien [ndlr : un F-16, lors d’un raid sur la base T4, en Syrie], il y a quelques semaines, en constitue une illustration. »

« Nous devons absolument prendre conscience que les espaces aériens seront probablement à l’avenir contestés à un niveau que nous n’avons jamais connu. Nous avons ici un enjeu de défense majeur », a ensuite fait valoir le CEMAA, pour qui « sans la maîtrise des espaces aériens, il n’y a plus d’opérations militaires ». Des propos qui rappellent ceux tenus par le passé par le maréchal Bernard Montgomery. « Si nous perdons la guerre dans les airs, nous perdons la guerre, et nous la perdons rapidement », disait-il en effet.

Ce constat a été partagé par son homologue britannique. « Nous devons nous réveiller et réaliser que le contrôle des espaces aériens est désormais contesté à un niveau inédit depuis la fin de la guerre froide », a plaidé l’Air Chief Marshal Hillier. « Nous devons nous habituer à l’idée qu’à l’avenir, dans n’importe quel environnement, il faudra se battre – et se battre durement – pour le contrôle des airs, si nous voulons établir et maintenir les marges de manoeuvres nécessaires » pour les opérations militaires », a-t-il ajouté.

En juillet 2017, le général Lanata avait évoqué cette question lors d’une audition à l’Assemblée nationale. « Le risque de perte de notre supériorité aérienne vis-à-vis de nos adversaires potentiels est réel, tout comme l’est celui du déclassement vis-à-vis de nos partenaires et alliés, qui se modernisent plus vite que nous », avait-il prévenu.

Et d’ajouter : « L’avion de chasse F35, avion furtif de dernière génération qui entre actuellement en service dans plusieurs armées de l’air européennes [dont la RAF, ndlr], mais aussi en Australie, constitue l’une des illustrations de ce risque de déclassement. Dans moins de cinq ans, cet avion constituera le standard de référence pour être capable de participer aux scénarios d’engagement les plus exigeants. Il nous revient, aujourd’hui, de décider si nous souhaitons continuer à prendre part, demain, aux engagements de ce type. »

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