Grâce à l’action des Forces armées en Guyane, le nombre de sites d’orpaillage clandestin a chuté de 55%

Fin 2017, les chiffres relatifs à l’orpaillage clandestin en Guyane avaient de quoi être décourageants. Près de 10 ans après le lancement de l’opération Harpie, le nombre de chantiers illégaux avait pratiquement retrouvé le niveau qui était le sien en 2009, avec 623 chantiers actifs. Sachant que certains puits peuvent produire 3 à 4 kg d’or par mois (soit 100.000 euros), cela donne une idée de l’ampleur du pillage. Et c’est sans parler des dommages causés à l’environnement, à cause du rejet dans la nature du mercure utilisé pour amalgamé l’or.

Pourtant, depuis le début de l’opération Harpie, les Forces armées en Guyane (FAG) et la Gendarmerie nationale n’ont pas ménagé leurs efforts pour lutter contre ce phénomène, quitte parfois à en payer chèrement le prix.

Plusieurs raisons ont pu expliquer cette recrudescence de l’orpaillage clandestin. La situation sécuritaire en Guyane a détourné, en 2017, les militaires de la gendarmerie de la mission Harpie. De même que le passage de l’ouragan Irma dans les Antilles, qui a mobilisé les FAG.

À ces deux causes ponctuelles, d’autres raisons, « organiques », ont été avancées. Tout d’abord, il est difficile pour les militaires de tenir le terrain pour éviter le retour des orpailleurs illégaux, venus du Brésil et du Surinam, sur les chantiers démantelés. Ensuite, l’absence de coordination entre les administrations concernées est aussi un frein à la lutte contre l’orpaillage illégal. Enfin, le procureur de la République de Cayenne a souligné le manque de sévérité de la justice à l’endroit des Garimpeiros qu’il faut, selon lui, considérer comme des « délinquants assumés » venus « pour s’enrichir, piller l’or de Guyane et polluer sa terre. »

Quoi qu’il en soit, après les mauvais chiffres de l’année 2017, les FAG et la Gendarmerie ont mis les bouchées doubles depuis janvier. Au premier trimestre, le nombre de sites illégaux d’orpaillage était passé de 623 à 478. Fin avril, il est tombé à 283, ce qui fait une baisse de près de 55%.

Au total, 340 moteurs, 228 groupes électrogènes, 84 pirogues, 46 quads, et près de 70 kg de mercure ont été saisis et/ou détruits lors de plusieurs opérations.

L’État-major des armées (EMA) explique ces très bons résultats, obtenus à « volume constant en effectif des FAG », par un « effort conséquent de déploiement de nos unités et une présence accrue des administrations dotées de pouvoirs judiciaires ou administratifs de saisies ou destructions » (gendarmerie, douane, police aux frontières). Ainsi, 70% des patrouilles menées par les FAG sont accompagnées « d’agents de l’État assermentés », les 30% restants relevant du recueil de renseignement.

En outre, certains modes opératoires ne laissent aucune chance aux garimpeiros, comme cela a été le cas avec l’opération aéroterrestre menée le 23 mars dernier dans la zone de Saint-Jean, frontalière avec le Surinam.

Ce jour-là, des commandos d’action et de recherche en jungle (CRAJ) ainsi que des gendarmes de l’antenne GIGN de Guyane sont descendus au sol par corde lisse de leur hélicoptère et ont ensuite pris rapidement le contrôle du site visé. Les orpailleurs clandestins, surpris, n’ont pu que prendre la fuite et abandonner tous leurs équipements.

L’opération s’est terminée avec l’arrivée, par hélicoptère, de 40 militaires prépositionnés à Maripasoula (où ils avaient été transportés par avion Casa CN-235).

Cela étant, il n’est pas question de voir ces efforts partir en fumée. D’où l’arrivée, fin avril, d’un renfort « exceptionnel », avec l’envoi d’une compagnie d’infanterie supplémentaire, afin de « maintenir l’effort dans la durée, à une période où la présence des FAG en forêt est habituellement moindre, compte tenu des relèves estivales. »

Ce renfort pourrait rester en Guyane jusqu’à la fin de cette année étant donné que les FAG auront à déployer des moyens pour les missions Titan, qui consistent à assurer la protection du site de lancement des fusées Ariane.

L’enjeu est en effet de « consolider » les résultats en maintenant la pression sur les secteurs ayant fait l’objet de « nombreuses opérations » et en contrôlant les flux logistiques des garimpeiros, explique l’EMA, qui estime « possible de « capitaliser sur les résultats de 2018 » en 2019, et donc de poursuivre la réduction du nombre de chantiers illégaux d’orpaillage. Pour cela, l’envoi de 90 gendarmes supplémentaires est d’ores et déjà annoncée.

Photo : Opération Wilau XVIII-1 de destruction des puits d’orpaillage illégaux. Conduite par la compagnie génie du 9e RIMa (MCD 17RGP) 25 puits seront traités par destruction à l’explosif (EXAL) dans la zone de Sainte Anne sur les bord du lac de la retenue d’eau du barrage de Petit Saut. Après avoir reconnu chaque zones et puits qui seront détruit, les sapeurs du Génie Parachutiste installeront les charges de perforation et ensuite celles de destruction pour contenir l’installation des orpailleurs illégaux sur cette zone touristique sauvage; (EMA)

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