La Chine ne craint pas d’utiliser la force pour mettre la main sur Taïwan
Avec l’élection de Tsai Ing-wen, la président taïwanaise et l’attitude l’administration Trump, qui semble remettre en question le concept d’une « seule Chine », Pékin accroît sensiblement la pression militaire sur Taipeh.
Ainsi, après des manoeuvres aéronavales il y a quelques jours à proximité de l’île, l’Armée populaire de libération (APL) a effectué une nouvelle démonstration de force, le 26 avril, en faisant décoller de plusieurs bases des bombardiers H-6K, des avions d’alerte avancée et plusieurs types de chasseurs pour des « exercices de combat » au-dessus du détroit de Bashi, au sud de Taïwan et de celui de Miyako, près de l’île japonaise d’Okinawa, qui accueille l’essentiel des troupes américaines présentes dans l’archipel nippon.
Le commentaire fait par le ministère chinois de la Défense à l’occasion de ces « exercices de combat » est limpide. Il s’agit, a affirmé son porte-parole, le colonel Wu Qian, d’adresser un « message aux forces déployés dans l’île [de Taïwan] pour renforcer l’indépendance. »
« La série d’opérations que nous menons est dirigées contre les forces de l’independance de Taïwan » et si ces dernières « continuent de prendre des mesures irréfléchies, nous prendrons d’autres mesures », a-t-il prévenu.
« Les activités de Taïwan pour l’indépendance seront vouées l’échec et toute tentative de recourir à la force pour briser l’union sera inutile », a insisté le colonel Wu. En clair, toute résistance sera vaine.
Et « si les efforts de sécession se poursuivent indéfiniment, l’Armée populaire de Libération n’aura d’autre choix que d’unifier Taiwan par la force », a prévenu ce porte-parole, lors d’un point presse mensuel du ministère chinois de la Défense. « S’engager pour l’indépendance de Taïwan est une impasse », a-t-il ajouté.
Dans le même temps, la Chine a mis en service le DF-26, un nouveau missile balistique d’une portée de 4.000 km. Plusieurs bases américaines dans la région, dans celle de Guam, sont potentiellement concernées. Pour autant, le colonel Wu a expliqué que cela ne remettait pas en cause « la position militaire défensive » de Pékin.
Cela étant, les missiles chinois ont été en grande partie développés pour dégrader les capacités défensives taïwanaises et empêcher tout soutien militaire américain.
À ce sujet, le 24 avril, deux bombardiers stratégiques B-52H Stratofortress de l’US Air Force ont effectué une mission d’entraînement en mer de Chine méridionale, depuis l’île de Guam. Puis ils ont mis le cap vers Okinawa avant de revenir à leur base. D’après des médias taïwanais, les deux appareils auraient survolé les îles Patras, administrées par Taïwan mais revendiquées par la Chine.
Le porte-parole des Forces aériennes américaines du Pacifique, le lieutenant-colonel Megan Schafer, a fait valoir que des missions de ce type se déroulent régulièrement depuis 2004 et qu’elles visent à « maintenir l’état de préparation des forces américaines » en conformité avec le « droit international ».
Quoi qu’il en soit, le quotidien Global Times, proche du Parti communiste chinois, a affirmé que si le vol de ces deux B-52H était censé envoyer un message à Pékin au sujet de Taïwan, cela « ne marcherait pas ».
« Les États-Unis ne peuvent pas empêcher la Chine d’exercer une pression militaire sur Taïwan », a estimé le quotidien. « Les avions militaires [chinois] voleront de plus en plus près de Taïwan, et voleront au-dessus de l’île », a-t-il insisté.
« Si les autorités de Taïwan promeuvent ouvertement une politique d’indépendance et coupent tous les contacts officiels avec la Chine, Pékin considérera Taiwan comme un régime hostile et disposera de moyens infinis pour y faire face », a encore prévenu le journal.