Aviation de patrouille maritime : Paris et Berlin veulent coopérer pour proposer une solution européenne
Le 26 avril, outre la signature de la fiche commune d’expression des besoins [High level command operations requirements document – HLCORD] concernant le Système de combat aérien du futur [SCAF], pour lequel la France sera « leader », Paris et Berlin ont également convenu de lancer une coopération dans le domaine de l’aviation de patrouille maritime, via une déclaration d’intention ministérielle pour le développement d’un programme appelé « MAWS » [Maritime Airborne Warfare System].
Ce projet vise à remplacer, à l’horizon 2030, les avions de patrouille maritime Atlantique 2 de la Marine nationale et les P-3 Orion de la Deutsche Marine. Maintenant que la lettre d’intention a été signée, il s’agit maintenant, explique le ministère des Armées, de se mettre d’accord sur « l’architecture du système », laquelle « s’articulera autour d’une plate-forme habitée nouvelle (successeur pour la France de l’ATL2), mais aussi des capacités offertes par d’autres systèmes tels que le drone MALE européen. »
A priori, ce programme franco-allemand ne devrait pas reposer sur une solution américaine (P8 Poseidon et drone HALE MQ-4C Triton) ou japonaise (Kawasaki P.1) étant donné que l’objectif « est d’étudier les conditions d’un développement d’une solution européenne permettant de disposer d’une capacité de patrouille maritime autonome et performante en Europe. »
Sur ce point, Airbus a dit envisager d’adapter son A320neo pour des missions de patrouille maritime et de lutte anti-sous-marine. L’industriel a aussi dans son catalogue le CASA C-295 MPA, voire l’A-319 MPA. Quant à Dassault Aviation, il dispose d’une expérience appréciable dans ce domaine avec les ATL-2.
Cela étant, la plateforme aérienne ne fait pas tout : la patrouille maritime suppose l’utilisation de radars, de capacités de guerre électronique, de moyens de communications/liaisons de données , de bouées acoustiques et, bien évidemment, d’armements (missiles anti-navires, torpilles). En clair, d’autres industriels seront impliqués dans ce projet, au-delà des avionneurs.
Aussi, le montage industriel du programme MAWS ne pourra être défini qu’à l’issue des études relatives à « l’architecture système ». Le ministère des Armées souligne qu’il se « fera sur la base des compétences des grands maîtres d’œuvre européens ». Et d’insister : « La compétence sera comme sur les autres programmes notre fil conducteur dans ces choix. »
Par ailleurs, et c’est une particularité française, les ATL2 de la Marine nationale ne font pas seulement de la patrouille maritime puisqu’ils peuvent être aussi engagés dans des opérations extérieures comme en Afrique [Serval/Barkhane] ou au Moyen-Orient [Chammal], grâce à leurs moyens de collecte du renseignement image et électromagnétique ainsi que leurs capacités de frappe.
Photo : ATL 2 (c) Marine nationale