La Corée du Nord suspend ses essais nucléaires

Fin 2017, les analystes et les observateurs craignaient une guerre entre la Corée du Nord et les États-Unis. Effet de sanctions internationales toujours plus sévères? Attitude moins conciliante de la Chine? Discours musclés du président Trump? Toujours est-il que ce risque d’affrontement, considéré il y a eu peu comme quasiment inéluctable, s’éloigne. Encore que, il faut toujours être prudent.

« À partir du 21 avril, la Corée du Nord va cesser ses essais nucléaires et les lancements de missiles balistiques intercontinentaux », a ainsi déclaré Kim Jong-Un, le chef du régime nord-coréen. Et pour joindre le geste à la parole, il a également indiqué que le site d’essais de Punggye-ri allait être fermé, étant donné qu’il a « rempli sa mission ».

« Le travail pour installer des ogives nucléaires sur des missiles balistiques est terminé », a ajouté le dirigeant nord-coréen, d’après l’agence officielle KCNA.

Lors d’une réunion plénière du comité central du Parti du travail [le parti unique nord-coréen], Kim Jong-un a expliqué que « comme le caractère opérationnel des armes nucléaires a été vérifié, il n’est plus nécessaire pour nous de mener des essais nucléaires ou de lancer de missiles à moyenne et longue portée ou ICBM. » Et, a-t-il poursuivi, la Coréd du Nord doit « maintenant se concentrer sur le développement de l’économie socialiste. »

Cette annonce a été faite alors que l’on a appris que Mike Pompeo, pressenti pour être le futur chef de la diplomatie américaine, a rencontré les dirigeants nord-coréens, à Pyogyang, lors du congé pascal. En outre, elle survient avant la tenue d’une rencontre entre Jong Un et le président sud-coréen Moon Jae-in, prévue le 27 avril, et surtout avant un sommet historique entre MM. Kim et Trump en juin.

« C’est une très bonne nouvelle pour la Corée du Nord et le monde – Grand progrès ! Impatient de nous retrouver pour notre sommet », a d’ailleurs réagi le président Trump, après la décision nord-coréenne.

Cette dernière a aussi été saluée par Séoul, qui a parlé d’un « progrès significatif pour la dénucléarisation de la Péninsule coréenne, que le monde attend ». Un avis partagé à Pékin.

« La Chine pense que la décision […] va aider à apaiser la situation dans la péninsule coréenne et faire avancer le processus de dénucléarisation ainsi que les efforts en vue d’une solution politique », a en effet commenté Lu Kang, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Seulement, et a priori, il n’est nullement question pour Pyongyang de démanteler son arme nucléaire. Du moins pour le moment. Aussi, l’annonce nord-coréenne a été accueillie avec réserve à Tokyo. « Nous ne pouvons pas être satisfaits », a dit Itsunori Onodera, le ministre japonais de la Défense, étant donné que Pyongyang n’a pas parlé d’abandonner son programme de missies balistiques de courte et de moyenne portée.

« Le point important est de savoir si cette décision conduira à l’abandon complet du développement nucléaire et celui des missiles, d’une façon vérifiable et irréversible », a estimé Shinzo Abe, le chef du gouvernement nippon.

Pour rappel, la Corée du Nord a réalisé 6 essais nucléaire entre le 9 octobre 2006 et le 3 septembre 2017, le dernier ayant été d’une puissance jusqu’alors inégalé. Et, l’an passé, elle a procédé à l’essai de trois missiles intercontinaux (Hwasong-12). Cependant, tout indique qu’elle ne maîtrise pas l’ensemble des capacités nécessaires pour mettre en oeuvre une arme nuclaire, comme le ciblage ou encore la technologie relative des véhicules de rentrée.

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