L’une des dernières ambulancières de la Division « Leclerc », Raymonde Jeanmougin nous a quittés
Quand éclata la Première Guerre Mondiale, Florence Conrad, une américain habitant alors à Paris, décida de servir son pays d’accueil en devenant infirmière. Un engagement qu’elle renouvela au moment de la Campagne de France, en mai-juin 1940.
De retour aux États-Unis, cette femme énergique s’activa pour réunir de l’argent pour acheter 19 ambulances Dodge WC54 afin d’équiper le groupe qu’elle venait de fonder sous le nom de « Rochambeau », en mémoire du maréchal de France du même nom qui s’était illustré lors de la guerre d’Indépendance américaine avec La Fayette. Puis, à New York, elle recruta 14 jeunes Françaises désireuses de participer à la libération de leur pays. On les appela les « Rochambelles« .
Seulement, après avoir traversé l’Atlantique pour débarquer en Afrique du Nord, personne n’attendait le groupe Rochambeau. Mais c’était sans compter sur la ténacité de Florence Conrad qui, avoir rencontré le général Koening, à Alger, obtint l’autorisation d’intégrer la 2e Division Blindée, alors en cours de formation sous l’autorité du général Leclerc. Dans le même temps, elle recruta de nouvelles volontaires, dont Raymonde Jeanmougin, alors à peine âgée de 21 ans.
Née à Troyes, la jeune femme se trouvait en Afrique du Nord où elle venait de rejoindre son mari. « J’étais timide mais têtue, j’avais envie de faire quelque chose », dira-t-elle à l’occasion du 70e anniversaire du Débarquement en Normandie.
En août 1944, Raymonde Jeanmougin, parmi une quarantaine de « Rochambelles », posa le pied à Utah Beach. Puis elle se dépensa sans compter, comme ses camarades, pour récupérer les blessés sur le champ de bataille pour ensuite les évacuer vers les hôpitaux. « Sous la mitraille, il fallait parfois assurer les premiers soins. Des soldats sont morts dans nos bras », racontera-t-elle.
Puis, les Rochambelles suivirent l’avancée de la 2e DB jusqu’en Allemagne, après avoir assisté à la Libération de Paris, à la bataille des Vosges, à la libération de Strasbourg ou encore à la réduction de la poche de Colmar.
Le temps ayant fait son oeuvre, Raymonde Jeanmougin était l’une des dernières « Rochambelles » encore en vie… Malheureusement, a annoncé le ministère des Armées, elle nous a quittés le 19 avril. « Jusqu’au bout, elle fut une gardienne du souvenir, un témoin modeste et une passeuse de mémoire. Jusqu’au bout, elle fut une ambassadrice du courage, de l’abnégation et de l’engagement », a-t-il souligné, dans un communiqué.
De nature très discrète, Raymonde Jeanmougin a laissé à ses anciennes camarades le soin de raconter l’histoire du Groupe Rochambeau. « Ça m’arrangeait bien! », avait-elle confessé au quotidien Ouest France, en juin 2014.
« Commandeur de la Légion d’honneur, c’est une héroïne discrète et généreuse de notre histoire de France qui vient de s’éteindre », s’est ainsi ému le ministère des Armées.