M. Trump annoncera « bientôt » la décision qu’il vient de prendre au sujet de la présence militaire américaine en Syrie

« On va quitter la Syrie très vite » et « laissons les autres s’en occuper », a lancé, le président Trump, lors d’un discours prononcé le 29 mars dans l’Ohio. Et en disant cela, il a pris tout le monde de court. À commencer par les responsables du Pentagone, dont la porte-parole, Dana White, venait d’expliquer à des journalistes qu’il « restait un important travail à faire pour s’assurer de la défaite durable des groupes extrémistes violents » en Syrie et qu’il ne fallait surtout pas permettre « à ces terroristes de se remettre de leurs pertes sur le champ de bataille ».

Au département d’État, l’on a également été surpris. Interrogée sur les propos de M. Trump, la porte-parole de la diplomatie américaine, Heather Nauert, a dit qu’elle n’avait pas été mise au courant d’un plan concernant le retrait des 2.000 militaires américains actuellement présents en Syrie. D’autant plus qu’un tel mouvement n’irait pas dans le sens de la volonté de Washington de contrer l’influence iranienne au Moyen-Orient. Un volonté incarnée par John Bolton, récemment nommé au poste de secrétaire d’État pour remplacer Rex Tillerson.

Cependant, le 3 avril, alors qu’il venait de recevoir les dirigeants des trois pays baltes, le président Trump a répété les propos qu’il avait tenus dans l’Ohio. « Il est temps. Nous avons largement réussi face à l’EI. Nous réussirons face à n’importe qui, militairement. Mais parfois, il est temps de rentrer à la maison. Et nous pensons à ça très sérieusement », a-t-il dit.

« En ce qui concerne la Syrie, notre première mission était de nous débarrasser de l’EI. Nous y sommes presque parvenus. Et nous prendrons une décision très rapidement en coordination avec d’autres dans la région sur ce que nous allons faire », a ajouté M. Trump. Et, évoquant l’Arabie Saoudite, il a dit : « J’ai dit, bon, vous savez, vous voulez que nous restions (en Syrie) peut-être qu’il va falloir que vous payiez. »

Dans le même temps, le général Joseph Votel, le chef de l’US CENTCOM, le commandement militaire américain pour l’Asie centrale et le Moyen Orient, a contredit le souhait présidentiel.

« Je pense que le plus dur est devant nous. Cela consiste à stabiliser ces régions, à consolider nos gains et à ramener les gens chez eux. L’armée doit jouer un rôle là-dedans », a-t-il fait valoir en évoquant la situation en Syrie, alors que la coalition anti-jihadiste vient d’envoyer des renforts à Manbij, aux côtés des Forces démocratiques syriennes (FDS) qui sont menacées par la Turquie.

« Nous sommes en Syrie pour combattre Daesh [EI]. C’est notre mission, elle n’est pas terminée. Nous irons au bout », a, de son côté, affirmé Brett McGurk, l’émissaire spécial pour la lutte contre l’État islamique.

Ce 4 avril, le directeur du renseignement américain, Dan Coats, a indiqué que la Syrie avait été au menu, la veille, d’une « table ronde » organisée à la Maison Blanche. « Tout le monde » était présent et « nous avons eu une discussion importante », a-t-il dit. Et d’ajouter : « Il y aura une déclaration bientôt au sujet de la décision qui a été prise. »

Quelle sera-t-elle? D’après le Washington Post, M. Trump aurait demandé au Pentagone de préparer un retrait de Syrie, mais sans pour autant donné une date. A priori, d’après haut responsable cité par le quotidien, le chef de la Maison Blanche a admis que les troupes américaines seraient encore nécessaires pour entraîner les forces locales (les Kurdes syriens?) pour assurer la sécurité des régions reprises à l’EI.

Un communiqué publié par l’Élysée afin de rendre compte d’un entretien téléphonique entre le président Macron et son homologue américain donne sans doute un élément de réponse.

Ainsi, selon la présidence de la République, les deux hommes ont en effet « abordé les efforts communs mis en oeuvre pour lutter contre Daesh et convenu que la France et les États-Unis resteraient « déterminés à poursuivre leurs actions au sein de la coalition internationale pour combattre jusqu’au bout cette organisation terroriste qui représente à la fois une menace pour la stabilité régionale et pour nos intérêts de sécurité. »

« Rien ne doit nous détourner de l’objectif de prévenir toute résurgence de Daech dans la région et de progresser vers une transition politique inclusive en Syrie », insiste le communiqué de l’Élysée.

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