La Russie critique la « militarisation croissante » de la Pologne

S’agissant des dépenses militaires, la Pologne est un bon élève de l’Otan dans la mesure où cela fait déjà quelques années que son effort de défense est équivalent à 2% de son PIB. Et selon un plan présenté en août 2017, il est question d’aller plus loin encore en portant ce dernier à 2,5% du PIB, avec 45 milliards d’euros supplémentaires sur 15 ans.

Ces investissements doivent permettre à Varsovie de moderniser ses forces armées, dont les deux tiers des équipements qu’elles utilisent datent de la période soviétique, et de conforter l’industrie de défense polonaise. En outre, il s’agit aussi de mettre en place une défense territoriale reposant sur des milices citoyennes.

En attendant, la Pologne a confirmé l’acquisition du système américain de défense aérienne Patriot PAC-3, en signant un contrat de 3,8 milliards d’euros pour deux batteries, leurs missiles et leurs équipements associés. Il s’agit là de la première phase du programme Wisla, les discussions concernant la seconde (qui prévoit deux batteries supplémentaires ainsi qu’un radar à 360°) devant commencer en avril prochain.

Pour Varsovie, se doter d’une défense antimissile moyenne portée est l’investissement le plus important de ces dernières années. Et il se justifie par les tensions croissantes avec la Russie, notamment après l’annexion de la Crimée en 2014 et l’installation de missiles balistiques Iskander à Kaliningrad.

Avec cette acquisition, « nous renforçons aujourd’hui l’Alliance (atlantique), nous renforçons notre sécurité et celle de toute l’Europe centrale », a commenté Mateusz Morawiecki, le Premier ministre polonais.

Cela étant, cet effort de la Pologne en faveur de sa défense et de ses forces armées ne passe pas à Moscou. « Nous sommes préoccupés par la militarisation croissante de cet État, dont une preuve récente est la signature d’un contrat pour la livraison de batteries du système antimissile américain Patriot », a ainsi affirmé, ce 30 mars, Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.

Sur ce point, Varsovie aurait beau jeu de retourner le compliment à Moscou, surtout après la présentation, faite le 1er mars par le président Poutine, des nouvelles armes russes, présentées comme « invicibles » (ce qui reste à démontrer). Mais Mme Zakharova a anticipé d’éventuelles critiqus en assurant que les « ressources défensives russes sont suffisantes pour protéger ses frontières. »

La bataille de Klouchino (1610)

En tout cas, a observé la porte-parole de la diplomatie russe, « Varsovie augmente ses dépenses (dans le domaine de) la défense, fait d’importants efforts pour moderniser ses forces armées (…), augmente ses effectifs militaires » et Moscou voit dans ces mesures un « élément de déstabilisation de la situation militaire et politique en Europe » et « une menace pour la sécurité nationale de la Russie. » Craint-on, à Moscou, une réédition de la guerre polono-russe, quand la Pologne s’allia avec le Grand-duché de Lituanie pour remporter la bataille de Klouchino (1610), laquelle ouvrit la voie vers la capitale russe aux troupes de Stanisław Żółkiewski?

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]