Belgique/F-16 : Un nouveau document suggère que le choix du F-35 aurait été arrêté dès 2015

En ce moment, les documents émanant de la Défense belge ont une fâcheuse tendance à s’égarer en direction des rédactions de plusieurs médias. Ainsi, la semaine passée, l’un d’entre-eux, suggérant que les F-16 de la force aérienne belge avait encore le potentiel nécessaire pour rester en service jusqu’en 2030 a mis le ministre de la Défense, Steven Vandeput, dans une position délicate.

Ce dernier défend la nécessité de remplacer ces avions de combat, acquis dans les années 1980 et modernisés régulièrement depuis, par 34 nouveaux avions, dans le cadre du programme ACCap [Air Combat Capability]. Au regard de l’investissement nécessaire qu’il suppose (3,6 milliards d’euros pour la seule acquisition), ce projet ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique belge. D’où la polémique, qui a déjà valu à quatre hauts responsables de la force aérienne d’outre-Quiévrain d’être mis (temporairement?) sur la touche.

Malgré les critiques, M. Vandeput reste sur ses positions. « Il y a encore des Spitfire qui volent! », a-t-il lancé à l’endroit de ceux qui estiment que les F-16 doivent être maintenus en service jusqu’en 2030.

Cette polémique a éclaté alors que la procédure de sélection des futurs avions de combat est entrée dans une phase décisive, le type d’appareil appelé à remplacé les F-16 devant être annoncé en juillet prochain.

Pour rappel, la France a proposé le Rafale dans le cadre d’un partenariat stratégique autour de l’aviation de combat, et non dans celui de l’appel d’offres lancé par Bruxelles. Appel d’offres auquel ont répondu le consortium Eurofighter (Typhoon) et Lockheed-Martin (F-35A), qui a justement réalisé l’étude sur le potentiel des F-16 belges.

Cependant, d’après un nouveau document venu du cabinet du ministre belge de la Défense et transmis aux rédactions du Standaard et de la VRT, il semblerait que les dés aient été pipés dès le départ. En effet, ce papier plaide pour l’acquisition d’un « avion de combat de cinquième génération » ayant en plus une « capacité nucléaire » car « la Belgique, en tant que pays hôte du siège OTAN, souhaite rester un partenaire durable et fiable et veut participer à la capacité nucléaire de l’alliance. » Et un seul appareil correspond à cette description : le F-35A.

Et, de nouveau, le ministre belge de la Défense est mis sur la sellette par les députés de l’opposition.

« Le choix des F-35 est arrêté depuis 2015. Le ministre Vandeput a toujours nié que la capacité nucléaire était un critère important dans le choix, mais cela ne correspond pas à la réalité », a ainsi estimé Dirk Van der Maelen, un élu du Parti socialiste flamand (sp.a), qui a eu accès au document en question. Et de parler « d’arnaque » au sujet de la procédure ACCap, tout en réclamant un audit du cabinet du ministre.

« Dirk Van der Maelen voit des fantômes », lui a répliqué M. Vandeput, pour qui le document à la source de cette nouvelle polémique n’a pas d’importance. « Seule la vision stratégique compte », a-t-il martelé, à l’antenne de Radio 1, le 28 mars.

Ce document « n’a rien de super important. […] La seule chose qui compte est la Vision Stratégique, comme elle a été présentée au gouvernement et dont le préambule a été validé. Tout le reste est nul et non avenu », a affirmé le ministre belge.

En outre, a fait valoir M. Vandeput, ce qui importe est ce qu’il fait des avis qui lui sont remis. « Qu’il y ait plusieurs avis, que mes collaborateurs fassent parfois des propositions avec lesquelles je ne suis pas d’accord, je ne peux que l’espérer », a-t-il dit.

Par ailleurs, le dossier du renouvellement des F-16 n’est pas le seul à causer quelques soucis au ministre belge. Le 23 mars, il a été rapporté que la force aérienne aurait dissimulé des informations afin de favoriser l’achat de 4 drones MALE MQ-9 Reaper auprès du constructeur américain General Atomics, aux dépens de l’israélien Elbit.

« L’appareil de l’entreprise israélienne Elbit n’a pas été choisi pour des raisons techniques », a alors répondu M. Vandeput. Qui plus est le drone américain « répond à nos exigences techniques, il est également le drone le plus utilisé par nos partenaires européens et de l’Otan », a-t-il expliqué. Et « tout s’est donc déroulé conformément aux règles légales » a-t-il assuré.

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