Après Afrin, la Turquie parle de lancer une offensive terrestre contre le PKK dans le nord de l’Irak

Le 29 mars 2017, ne pouvant aller plus loin, c’est à dire s’attaquer aux milices kurdes syriennes (YPG) qu’elle considère comme terroristes en raison de leurs liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan turc (PKK), la Turquie mit un terme à son opération « Bouclier de l’Euphrate », menée dans le nord de la Syrie avec des groupes rebelles syriens. Cependant, cette offensive, initialement dirigée contre l’État islamique (EI ou Daesh), lui avait permis de prendre le contrôle des localités de Jarabulus et d’al-Bab.

Plus de 10 mois plus tard, Ankara lança l’opération Rameau d’olivier, dans le nord-ouest de la Syrie, afin de chasser les miliciens kurdes syriens de la ville d’Afrin, chef-lieu du canton du même nom. Et cet objectif a été atteint le 18 mars, les YPG s’étant retirées.

Le régime syrien, qui avait soutenu les miliciens kurdes en envoyant des groupes paramilitaires à Afrin, a condamné, ce 18 mars, « l’occupation turque » et demandé le « retrait immédiat » des forces pro-Ankara de ce secteur. Mais visiblement, les autorités turques n’en feront rien.

« Afrin est un des territoires les plus stratégiques du nord-ouest de la Syrie. C’est un secteur qui permet à la Turquie de consolider sa présence pour des années à venir », a en effet estimé Nicholas Heras, un expert du centre de réflexion Center for a New American Security, cité par l’AFP.

D’autant plus que le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a annoncé la couleur. « En prenant hier [18/03] le contrôle de la ville d’Afrin, nous avons laissé derrière nous l’étape la plus importante de l’opération » Rameau d’olivier, a-t-il déclaré, lors d’un discours prononcé à Ankara.

« Maintenant, nous allons poursuivre ce processus jusqu’à la destruction totale de ce corridor constitué de Manbij, Aïn al-Arab [nom arabe de Kobané, ndlr], Tal Abyad, Ras al-Aïn et Qamichli », a ajouté M. Erdogan, réaffirmant ainsi ce qu’il avait déjà annoncé il y a quelques jours. En clair, il s’agit pour Ankara de prendre le contrôle d’une grande partie du Kurdistan syrien…

Par ailleurs, M. Erdogan a également menacé de lancer une opération dans le nord de l’Irak dans le cas où Bagdad tarderait trop à agir contre les combattants du PKK qui y disposent de bases et de camps d’entraînement.  »

« Si vous devez le faire, faites le. Si vous n’êtes pas en capacité de le faire, alors, une nuit, nous pourrons soudainement entrer dans le Sinjar pour le nettoyer du PKK », a déclaré le président turc. « Nous l’avons déjà dit au gouvernement central irakien. Si cette affaire traîne davantage, alors il y aura un nouveau ‘Rameau d’olivier’ là-bas », a-t-il promis.

Les relations entre Ankara et Bagdad sont loin d’être au beau fixe. Ainsi, les autorités irakiennes reprochent à leurs homologues turques le déploiement de troupes à Bashiqa, près de Mossoul et d’avoir des arrière-pensées… le nord de l’Irak ayant été sous le contrôle de l’empire Ottoman jusqu’en 1918.

Quoi qu’il en soit, cela fait plusieurs mois qu’Ankara envisage une opération dans le nord de l’Irak, afin de couper les voies de communication entre Sinjar et les monts Kandil, où se serait replié l’état-major du PKK.

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