Les Armées devraient obtenir d’autres ressources pour participer au futur Service national universel

Lors de l’examen pour avis de projet de Loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 par la commission des Finances, à l’Assemblée nationale, le député François Cornut-Gentille a défendu un amendement visant « à exclure les crédits » destinés aux armées de « tout financement total ou partiel du futur Service national universel, conformément à l’engagement pris par le Président de la République devant les militaires le 19 janvier 2018. »

Pour rappel, et conformément à une promesse faite durant la course à l’Élysée, le président Macron a confirmé sa volonté d’instaurer un service national universel (SNU) de trois, voire de six mois, avec une « ouverture sur la chose militaire ». Ce qui suscite du scepticisme sur la faisabilité de ce projet, dont les modalités restent encore à définir.

Le mot « partiel » figurant dans l’amendement de M. Cornut-Gentille n’est pas anodin. En effet, si les Armées doivent participer à ce Service national universel, alors devront trouver des effectifs ad hoc qui risqueront de leur faire défaut par ailleurs.

Cependant, cet amendement, également défendu par d’autres députés (comme Charles de Courson) a été rejeté, le rapporteur pour avis Olivier Gaillard ayant opposé un argument juridique, en affirmant que l’on ne pouvait « pas mentionner dans un article de loi un dispositif futur. »

Toujours est-il que les militaires auront à « prendre leur part » à ce projet de Service national universel, comme « les autres services de l’État et les autres ministères », a confirmé le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées (CEMA), sur les ondes d’Europe1, ce 16 mars. Reste à savoir comment.

« De quelle façon? Jusqu’où? Ce n’est pas déterminé. Est-ce que c’est en étant un élément d’inspiration de ce service national, une partie de son déroulement? Est-ce que ce sera en formant des gens? Aujourd’hui, nous n’en savons rien », a poursuivi le CEMA, qui s’en remet aux conclusions que remettra au président Macron le groupe de travail dirigé par le général Daniel Ménaouine. En tout cas, « il y a plein d’idées », a-t-il dit.

Interrogé pour savoir s’il était possible de « reconstruire les armées » tout « accueillant des jeunes » et « en formant des citoyens », le général Lecointre n’a pas exprimé d’inquiétude. « Le président de la République a très clairement dit, lors de ses voeux à Toulon, que les ressources de la Loi de programmation militaire seraient entièrement consacrées aux objectifs fixés de consolidation des armées et de préparation de l’avenir et qu’elles ne seraient en aucun cas ponctionnées ou dérivées vers le service national universel », a-t-il dit. Et d’ajouter : « Donc, ce sera d’autres ressources. »

Est-ce à dire que d’autres recrutements, au-delà des 6.000 postes prévus par le projet de LPM 2019-2015, seront à réaliser? Que des crédits supplémentaires seront accordés pour les infrastructures, si d’aventure les Armées devaient accueillir des « appelés »? Cela étant, la confiance n’exclut pas de prendre certaines précautions. Tel était en tout cas le sens de l’amendement de M. Cornut-Gentille.

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