La Russie dit avoir testé avec succès le « Kinjal », un nouveau missile hypersonique

Le 1er mars, lors d’une adresse au Parlement, le président russe, Vladimir Poutine, en lice pour un nouveau mandat, a dévoilé une série de nouvelles armes « invicibles », conçues pour répondre au déploiement de la défense antimissile des États-Unis et de l’Otan.

Ainsi, le chef du Kremlin a évoqué un missile de croisière à propulsion nucléaire (un concept – le Supersonic Low Altitude Missile – étudié par l’US Air Force dans les années 1960 avant d’être abandonné), un drone sous-marin doté d’armes conventionnelles et nucléaires, pouvant évoluer à une « très grande profondeur » et pourcourir des « distances intercontinentales » à une vitesse « plusieurs fois supérieure à celle des sous-marins et des torpilles les plus sophistiqués et des bâtiments de surface les plus rapides », des armes laser déjà en service, du missile balistique intercontinental « Sarmat » ou encore d’armes hypersoniques, comme le Kinjal et le système Avangard, d’une portée intercontinentale et pouvant voler à Mach 20.

Rien ne permet, à l’heure actuelle, de confirmer ou d’infirmer les performances annoncées de ces armes, ni de vérifier si celles qui ont été annoncées en service le sont effectivement.

S’agissant des armes hypersoniques, il avait été fait état, en 2016, des premiers essais du missile de croisière antinavire Tsirkon, capable de voler à 6 fois la vitesse du son. Mais il n’en pas été question lors du discours prononcé par M. Poutine.

En revanche, ce dernier a parlé du Kinjal (ou Kinzhal), un missile « dix fois plus rapide que la vitesse du son » et mis en oeuvre par un avion MiG-31. Selon M. Poutine, cet engin « peut également manœuvrer pendant toutes les phases de sa trajectoire de vol, ce qui lui permet également de vaincre tout système de défense anti-aérienne et anti-missile actuel, et […] futur. » Enfin, d’une portée de « plus de 2.000 km », il peut être doté d’une ogive nucléaire ou conventionnelle.

La vidéo de ce missile diffusée pour appuyer le propos de M. Poutine, reprenant pour l’essentiel des images de synthèse de qualité moyenne, avait de quoi laisser sceptique (mais l’objectif était sans doute de convaincre ceux qui voulaient l’être).

Le 10 mars, le ministère russe de la Défense a publié un communiqué pour annoncer qu’il venait de procéder avec succès à un tir d’essai de ce nouveau missile hypersonique. Le film commence par les préparatifs d’un pilote et d’un navigateur. Ensuite, l’on voit le MiG-31 n°94 s’apprêter à décoller avec avec un missile Kinjal (tantôt visible, tantôt flouté). Lors d’une courte séquence, l’engin est largué. À la fin de la vidéo, l’on aperçoit deux MiG-31 voler en formation. Enfin, lors de la dernière séquence, l’on peut remarquer que l’avion filmé n’est pas le même que celui du début puisqu’il porte le numéro 91

L’essai « s’est déroulé comme planifié, le missile hypersonique a atteint sa cible », a indiqué le ministère russe de la Défense, avant de préciser que le missile « de haute précision » Kinjal, « destiné à détruire des cibles terrestres et maritimes », avait été déployé dans le district militaire sud dès le 1er décembre dernier.

Le lendemain, le secrétaire américain à la Défense, James Mattis, n’a pas semblé impressionné par les nouveautés de l’arsenal militaire russe. « Lorsque j’ai regardé les extraits de ce que [Poutine] a dévoilé sur les vidéos […], je n’ai vu aucun changement dans la capacité militaire russe, et chacun des systèmes dont il parle, qui sont encore à plusieurs années d’échéance, je ne les vois pas modifier le rapport [de force] militaire », a-t-il dit à des journalistes, avant d’arriver à Oman pour une visite officielle. « Ils ne nécessitent aucun changement dans notre politique de dissuasion », a-t-il ajouté.

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