Entre 2014 et 2017, 86 véhicules militaires français ont été détruits ou endommagés en opération

Le rapport sur l’exécution de la Loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019 [.pdf], rédigé par les députés François André et Joaquim Pueyo, est une mine d’informations, notamment sur les questions budgétaires.

Ainsi, par exemple, les deux parlementaires soulignent la hausse continue des surcoûts liés aux opérations extérieures (opex) et les difficultés que cela induit au niveau de la prise en charge financière de ces derniers.

« Le coût des opérations extérieures a plus que doublé depuis dix ans. En dépit des prévisions du dernier LBDSN [Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale, ndlr], la France s’est trouvée engagée sur bien plus de théâtres qu’elle ne l’avait envisagé et les contrats opérationnels sont aujourd’hui nettement dépassés, ce qui se traduit également en termes de surcoûts OPEX », écrivent MM. Pueyo et André.

En outre, les rapporteurs mettent en garde, à l’occasion de l’examen du projet de LPM 2019-2015, contre la « tentation renouvelée de retenir des hypothèses exagérément optimistes relatives au coût des opérations », alors que ce dernier sera pris en charge à hauteur de un milliard d’euros par le minstère des Armées d’ici 2022 (contre 450 millions actuellement).

« La plupart des officiers généraux entendus par la mission d’information concèdent que ‘le milliard est devenu tendanciel' », ajoutent-ils, avant de signaler que les « surcoûts OPEX retracés sur le programme 178 [Préparation et emploi des forces, ndlr] ne traduisent qu’imparfaitement les coûts complets des opérations. »

En effet, expliquent-ils, « augmentent avec l’intensité opérationnelle des coûts tels que ceux de la préparation opérationnelle avant projection, ceux liés à l’usure prématurée des matériels ou encore la masse salariale (attribution de davantage de ‘cartes du combattant’, primes, pensions…). »

Un autre point mis en avant par les rapporteurs est le faut que « les conflits actuels se caractérisent par leur durcissement, conséquence de la prolifération technologique et de la dissémination d’armements, accessibles à des entités non étatiques. » Et les chiffres parlent d’eux-mêmes.

Ainsi, entre 2014 et 2017, pas moins de 86 véhicules militaires français ont été soit endommagés, soit détruits en opération. À cela, il faut encore ajouter la perte d’un Mirage 2000D au Niger et celle d’un hélicoptère Caracal au Burkina Faso. Ces « dommages de guerre ont représenté un coût global de 53,8 millions d’euros », lit-on dans le rapport, qui ne prend toutefois pas en compte l’accident d’un Mirage 2000N à N’Djamena, en septembre 2017. Et il n’est pas précisé non plus si les véhicules des forces spéciales endommagés ou détruits font partie de ce total, comme l’a souligné Mars Attaque.

Dans le détail, 22 véhicules ont été détruits au cours de la période considérée, dont 5 Véhicules de l’avant blindé (VAB). Le montant total de ces pertes s’élève à 44 millions d’euros.

Dans le même temps, 64 autres véhicules ont été endommagés, dont 31 VAB, 1 Véhicule blindé de combat d’infanterie (VBCI), probablement en Centrafrique ou au Liban puisque 16 de ces engins ont été redeployés au Mali en 2017) et 10 « véhicules de fret ». La facture de ces dégâts s’élève à près de 10 millions d’euros.

Outre ces « dommages de guerre », les véhicules engagés en particulier dans l’opération Barkhane doivent évoluer dans un environnement hostile (sable, terrains abrasifs, fortes variations de températures, etc…). « Les matériels les plus récents, livrés en petit nombre, sont sur-employés et s’usent donc plus rapidement », note le rapport.

Un problème également soulevé par le général Grégoire de Saint-Quentin, sous-chef opérations à l’état-major des armées, lors d’une récente audition du Sénat. « L’une des problématiques de l’emploi en opération du matériel est l’augmentation de la consommation du potentiel des machines. Un équipement déployé à Barkhane pendant un an correspond en termes de potentiel consommé à une utilisation pendant trois ans en France », a-t-il dit. « C’est à chaque fois un défi pour nos maintenanciers que de remettre en état les matériels avant leur réengagement », a-t-il ajouté.

Photo : armée de Terre

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