Otan : 90% des interceptions d’avions russes près des pays baltes sont causées par des « erreurs techniques »

Lors d’un déplacement à Washington, le 6 mars, les ministres des Affaires étrangères de trois États baltes (Lituanie, Lettonie et Estonie) ont une nouvelle fois insisté sur le niveau « sans précédent depuis les années 30 et 40 » de la menace russe qui pèse sur leurs pays.

« Je pense que nous avons vu dans les trois ou quatre dernières années que les nations démocratiques sont la cible d’attaques. […] La base même de nos institutions démocratiques est la cible d’attaques sur les réseaux sociaux, à travers les fausses informations », a ainsi expliqué Edgars Rinkevics, le chef de la diplomatie lettone, lors d’un entretien donné à l’AFP. « Il est important que nous restions solidaires », a-t-il souligné.

Les trois ministres ont de nouveau dénoncé la « guerre hybride » (ou doctrine Gerasimov), qui mêle manipulations politiques et financières, propagande, cyberattaques et intimidations militaires.

Sur ce dernier point, le général tchèque Petr Pavel, le président sortant du comité militaire de l’Otan, a mis un léger bémol. Lors d’une conférence de presse donnée le 7 mars à Washington, il a affirmé que, à ce jour, « il n’y a pas eu de violation du territoire des pays baltes, pas même de leur espace aérien. »

Pour rappel, la surveillance de l’espace aérien des pays baltes est assurée par l’Otan, dans le cadre de la mission Baltic Air Policing.

« Tout ce que nous avons dans la région [de la Baltique], c’est une présence militaire [russe] accrue, plus d’exercices, plus de vols à longue distance, plus de [missions de] renseignement. Mais je ne parlerais pas d’agression », a expliqué le général Pavel.

« Parfois, nous ne distinguons pas la violation de l’espace aérien avec le besoin de ce que l’on appelle un ‘alpha scramble’ [décollage sur alerte d’un avion de chasse, ndlr] », a ajouté le général Pavel. « La plupart de ces soi-disant violations sont dues à une perte de communication, ou à une erreur humaine ou technique. Je dirais que 90% de ces soi-disant violations sont des erreurs techniques », a-t-il continué. « Très peu sont délibérés ou provocatrices », a-t-il ajouté.

Erreurs volontaires ou pas, telle est la question… En général, un Alpha Scramble est ordonné quand un avion non identifié est en approche. Soit parce que l’appareil en question n’a pas son transpondeur allumé, soit parce qu’il ne répond pas au contrôle aérien, soit parce qu’il n’a pas déposé de plan de vol.

Toutefois, il y a bien eu des violations russes, et dénoncées comme telles par la Suède et la Finlande. Mais faut-il y voir une relation de cause à effet au fait que ces deux pays ne sont pas membres de l’Otan?

« Jusqu’à présent, nous ne voyons aucun signe réel d’un comportement agressif contre les pays baltes ou dans la région de la mer Noire », a encore précisé le président du comité militaire de l’Otan.

Cependant, les États baltes ont bénéficié de mesures dites de « réassurance » prises par l’Otan. Mesures qui passent notamment par le déploiement de bataillons multinationaux dans ces pays.

Comme l’a souligné le général Pavel devant des experts de la défense de l’Université George Washington, « l’augmentation et la modernisation des forces russes entraînent une hausse des inquiétudes et de le peur au sein des populations baltes. » D’où ces bataillons multinationaux (ou groupements tactiques), qui démontrent « la volonté de l’Otan d’agir si nécessaire ». Et d’expliquer : « Nous faisons de notre mieux pour maintenir le niveau de cette présence militaire en deçà de la menace russe. »

« Je suis toujours un optimiste prudent », a encore déclaré le général tchèque. « Je crois qu’il y a une chance d’avoir de meilleures relations entre l’Otan et la Russie, mais ce dont nous avons besoin, c’est d’une plus grande volonté du côté russe qui garantisse à l’Alliance que la Russie a tout intérêt à améliorer cette relation », a-t-il expliqué.

« Il est difficile de s’asseoir à la table en sachant qu’il y a des territoires occupés en Géorgie, qu’il y a un soutien direct de la Russie aux séparatistes dans la région de Donbass en Ukraine, que la Crimée est occupée illégalement. […] Il y a un certain nombre de mesures non seulement concrètes, mais aussi narratives qui créent des tensions. Nous devons avoir plus de volonté commune pour engager un dialogue constructif », a ensuite fait valoir le général Pavel. Toutefois, a-t-il averti, « tant qu’il n’y aura pas de solution en Ukraine, il n’y aura pas d’amélioration des relations. »

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