La branche afghano-pakistanaise de l’EI appelle les jihadistes à la rejoindre

D’après des chiffres obtenus par franceinfos auprès de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), sur les 1.700 ressortissants ou résident français partis rejoindre l’État islamique (EI ou Daesh) en Irak ou en Syrie, 300 auraient été tués (288 hommes et 12 femmes). Et 323 (255 majeurs et 68 mineurs) sont revenus en France. Quant aux 680 adultes et 500 enfants restants, leur sort est indéterminé. L’on sait que certains ont été capturés en Irak et en Syrie.

Cependant, en décembre, le patron de la DGSI, Laurent Nuñez, privilégiait un scénario ne reposant pas sur un « retour massif » de ces jihadistes. « Nous sommes désormais face à des combattants assez déterminés à rester sur les zones de repli de l’État islamique, dans l’hypothèse d’être projetés en Malaisie, en Indonésie ou en Afghanistan », avait-il expliqué.

Justement, l’Afghanistan pourrait avoir les faveurs de nombreux jihadistes, d’autant plus que la branche afghano-pakistanaise de l’État islamique [EI-Khorasan ou EI-K], présente dans le pays depuis 2014, a diffusé une vidéo appelant les « musulmans » à la rejoindre.

« A vous, musulmans du monde entier! Immigrez au Khorasan! Si vous ne pouvez immigrer en Irak ou au Sham (la Syrie, ndlr), venez au Khorasan, car l’immigration depuis une terre d’infidèle est votre devoir », a ainsi lancé un membre de l’EI-K dans cette vidéo de 25 minutes.

« Jusqu’ici, ils appelaient les musulmans vivant au Khorasan à rejoindre les régions sous leur contrôle. […] Cet appel est une première qui, pour ses auteurs, aura d’avantage de retentissement », estime Borhan Osman, un analyste de l’International Crisis Group, cité par l’AFP.

Alors que le président afghan, Ashraf Ghani, lui a récemment tendu la main en lui proposant de le reconnaître comme un parti politique légitime, le mouvement taleb a été sévèrement critiqué dans la vidéo de l’EI-K. Les taliban, traités « d’apostats », ne savent pas « empêcher la population de commettre des péchés, imposent des taxes et possèdent des laboratoires d’héroïne », y est-il affirmé.

D’après Romain Caillet, chercheur et spécialiste de la mouvance jihadiste, ce message affirme que « les véritables héritiers d’Oussama ben Laden sont les combattants de l’EI et pas les membres d’al-Qaïda et encore moins les taliban. »

Initialement présente dans la province de Nangahar, la branche afghno-pakistanaise de l’EI a étendu son territoire en chassant les taliban des montagnes de Tora Bora et en s’imposant dans plusieurs districts de la région de Jowzjan.

Selon un récent rapport des Nations unies, l’EI-K compterait entre 1.000 et 4.000 combattants, dont d’anciens membres du Tehrik-e-Taliban Pakistan [le mouvement taleb pakistanais, ndlr] et du Mouvement islamique d’Ouzbékistan (MIO). « Certains États Membres se sont dits préoccupés par le fait qu’au fil du temps, la présence de combattants d’origine ouzbèke et tadjike dans le nord de l’Afghanistan pouvait conduire à une menace de l’EIIL en Asie centrale », y lit-on.

Cependant, les moyens financiers de l’EI-K sont un problème. Jusqu’à présent, l’organisation avait pu compter sur des transferts de fonds ordonnés par l’EI. Toutefois, assure le rapport, elle « pu obtenir des fonds par extorsion auprès de la population et par les produits de la
production agricole dans la province de Nangarhar et de la production de bois, ainsi que par des enlèvements contre rançon. »

Toujours d’après la même source, de nombreux jihadistes auraient quitté l’Irak et la Syrie pour rejoindre la Libye, où l’EI « ’reste déterminé à reconstituer ses capacités. »

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