L’offensive turque à Afrin contraint les Forces démocratiques syriennes à suspendre leurs opérations contre l’EI

La résolution 2401 votée à l’unanimité par le Conseil de sécurité des Nations unies afin d’obtenir un cessez-le-feu en Syrie (trêve qui ne concerne pas les groupes jihadistes) n’a pas produit les effets espérés.

En effet, le régime syrien, appuyé par l’Iran et la Russie, continue son offensive contre les rebelles qui conrôlent la région de la Ghouta orientale (à savoir Jaich al-Islam, Faylaq al-Rahmane et Ahrar al-Cham) et les tentatives d’y acheminer de l’aide humanitaire tournent court.

Par ailleurs, le canton d’Afrin, tenu par les miliciens kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), épaulés par de forces paramilitaires pro-Damas, est toujours la cible de l’opération turque « Rameau d’olivier », alors que, lui-aussi, est concerné par la résolution 2401.

Ces derniers jours, et selon des informations données par l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), au moins 50 combattants pro-gouvernementaux syriens auraient été tués par des frappes turques dans cette enclave kurde.

Outre les tensions qu’elle suscite, cette opération turque n’est pas sans conséquence pour la coalition anti-EI dirigée par les États-Unis, laquelle compte encore sur les milices kurdes syriennes pour chasser l’organisation jihadiste des dernières positions qu’elle occupe dans la vallée de l’Euphrate, près de la frontière irakienne.

Ainsi, constituant la principale composante des Forces démocratiques syriennes, les YPG ont revu leurs priorités et dégarni le front contre l’EI pour renforcer leurs positions dans le canton d’Afrin où les forces turques et les groupes rebelles syriens soutenus par Ankara ont récemment pris le contrôle de la colline stratégique de Bafalioun, ce qui leur ouvre la voie vers la ville d’Afrin.

Du coup, la coalition anti-EI est contrainte de faire une pause opérationnelle, comme l’a expliqué le colonel Rob Manning, un porte-parole du Pentagone. Ce qui signifie que les opérations conduites par les FDS sont suspendues.

« Les pauses opérationnelles se produisent régulièrement pour diverses raisons », a déclaré le colonel Manning. Mais « la nature de notre mission en Syrie n’a pas changé » et « cette opérationnelle ne nous détournera pas de notre objectif principal, qui est l’EI », a-t-il assuré.

Cela étant, les opérations aériennes de la coalition contre l’EI vont continuer, comme l’a affirmé le major [commandant, ndlr] Adrian Rankin-Galloway, un autre porte-parole. Ce dernier a par ailleurs souligné que, malgré cette pause, l’EI n’en avait pas profité pour regagner du terrain.

« Nous savons que certains combattants des FDS ont quitté la vallée de l’Euphrate et nous insistons sur le fait que se détourner du combat contre l’EI pourrait coûter très cher », a toutefois averti le major Rankin-Galloway.

La semaine passée, le général Joseph Votel, le patron de l’US CENTCOM, c’est à dire le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale, avait prévenu que l’offensive turque allait compliquer les opérations contre l’EI.

« Notre souci, bien sûr, est que cette activité à Afrine nous détourne de nos efforts contre l’EI », avait en effet affirmé le général Votel, après avoir insisté sur le faut que les États-Unis et la Turquie avaient des intérêts « divergents » dans la région.

Pour rappel, la Turquie considère les milices kurdes syriennes comme terroristes, en raison de leurs liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan turc (PKK), à l’origine d’une rébellion meurtrière dans le pays. Or, les YPG, soutenues par la coalition anti-jihadiste, a joué un rôle de premier plan dans le recul de l’État islamique en Syrie.

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