DGA/Innovation : Vers une Darpa à la française?

Drone spatial X-37, réseau Arpanet (précurseur d’Internet), robots BigDog (mule robotisée), Cheetah (capable de courir), Atlas (humanoïde) ou encore l’exosquelette motorisé XOS et l’Hypersonic Technology Vehicle 2… Toutes ces innovations ont un point commun : celui d’avoir été lancées par la Defense Advanced Research Projects Agency (Darpa), l’agence du Pentagone spécialisée dans la recheche et le développement de technologies à usage militaire.

La raison d’être de la Darpa est d’éviter que les États-Unis soient « la victime de surprises technologiques stratégiques », comme en 1957, après la mise sur orbite du satellite soviétique Spoutnik. Sa mission est donc de « réaliser des investissements déterminants dans des technologies de rupture au titre de la sécurité nationale. » Ce qu’elle appelle poétiquement « jeter un javelot dans les espaces infinis du futur » (*)

Pour mener à bien cette tâche, la Darpa s’appuie sur un « écosystème d’innovation », qui mobilise des centres universitaires, des laboratoires et des entreprises innovantes.

Pour le moment, en France, le ministère des Armées ne dispose pas d’une structure semblable, même si la Direction générale de l’armement (DGA) travaille avec un « écosystème » de chercheurs et d’entrepreneurs, comme c’est par exemple le cas en matière de cyberdéfense ou avec le dispositif RAPID (Régime d’Appui pour l’Innovation Duale) et le financement de thèses dans des domaines qui intéressent les militaires.

Cependant, en 2016, le DGA Lab a été créé en tant que « lieu d’échanges et de réflexion collaborative et créative entre acteurs civils et militaires de l’innovation ».

La question d’aller plus loin dans cette démarche en créant une « Darpa à la française » (voire à « l’européenne) a été posée à Florence Parly, la ministre de Armées, et à Joël Barre, le Délégué général pour l’armement (DGA), lors de leurs auditions respectives devant les députés de la commission de la Défense.

« Nous souhaitons renforcer l’approche capacitaire globale, développer le travail en plateau entre les armées et la DGA, revoir profondément les méthodes de spécification de nos matériels et essayer de généraliser cette démarche d’innovation opportuniste qui a été lancée par DGA Lab, pour profiter pleinement de ces cycles courts d’innovation », a répondu Mme Parly.

« Nous voulons également développer un portefeuille aussi diversifié que possible de projets innovants et le recours à l’innovation incrémentale – qui consiste à ne pas remettre sans cesse l’ouvrage sur le métier mais à essayer de gagner, étape par étape, en efficacité et en innovation – pour obtenir des progrès rapides », a continué la ministre, avant d’expliquer que l’idée est de « généraliser ces méthodes agiles qui se diffusent désormais un peu partout. »

De son côté, M. Barre a estimé que « aller chercher l’innovation civile » est un « sujet clé ». Et de rappeler que « DGA Lab est un outil de rencontre entre des innovateurs, qui proposaient des matériels existant dans le civil, et des opérationnels qui exprimaient un besoin. »

DGA Lab a récemment plusieurs défis (« drones indoor », qui vise à développer des drones capables d’entrer dans des bâtiments, et OptiPlan). Il s’agit d’un « processus qui consiste à rapprocher les innovateurs du civil et des utilisateurs militaires », a expliqué M. Barre.

« Le processus connaîtrait alors une montée en puissance, DGA Lab deviendra Innovation Défense Lab. L’idée est toujours de repérer les technologies civiles disponibles qui pourraient nous être utiles, et si les armées estiment que c’est bien le cas, de rapprocher les uns et les autres, puis de mettre en place un processus contractuel passant par un appel d’offres, et faire en sorte que les matériels répondant à nos besoins nous soient livrés le plus rapidement possible », a fait valoir le DGA.

(*) Franz Liszt

Photo : ECA Group

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