Seulement 30% des avions de combat Eurofighter Typhoon allemands ont été disponibles en 2017

La semaine passée, le commissaire parlementaire à la Bundeswehr, le social-démocrate Hans-Peter Bartels a rendu public son rapport annuel [.pdf] dont il avait évoqué certaines parties lors de différentes interventions dans les médias. Aussi, personne n’a été surpris du tableau accablant de l’état de préparation des forces armées allemandes.

Sous-marins indisponibles, navires de surface en nombre insuffisants, difficultés d’approvisionnement en pièces détachées, manque d’équipements basiques, véhicules et chars immobilisés… La liste est longue. Et il faut aussi y ajouter les problèmes de recrutement. Selon M. Bartels, 21.000 postes d’officiers et de sous-officiers sont vacants au sein de la Bundeswehr. D’où sa mise en garde contre une armée « sans direction, avec des soldats livrés à eux-mêmes ».

Évidemment, la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, a été la cible des critiques. Critiques qui, pour le moment du moins, n’ont pas mis en péril sa position puisqu’elle devrait être maintenue dans ses fonctions dans le prochain gouvernement de coalition que conduira la chancelière Angela Merkel.

« La Bundeswehr a besoin avant tout d’une direction fiable et d’être dirigée avec sérénité dans un monde par ailleurs agité en ce moment », a cependant estimé la Frankfurter Allgemeine Zeitung, pour qui les « les soldats sont aussi victimes des réformes et du manque de financement. »

Les conclusions de M. Bartels ont été confirmées dans un rapport du ministère allemand de Défense, remis au Bundestag le 17 février. Ainsi, outre les problèmes de la Deutsche Marine et de la Deutches Heer, ce document a donné quelques précisions sur les difficultés de la Luftwaffe.

Ainsi, l’on apprend que seulement 39 avions de combat Eurofighter Typhoon, utilisés essentiellement pour des missions de supériorité aérienne et de police du ciel, ont été disponibles en 2017… sur les 128 actuellement en service. Et cela, en grande partie, « en raison de longues périodes de maintenance » et « d’une grande variété de pièces de rechange ».

L’on comprend mieux les craintes de l’état-major allemand exprimés dans un rapport cité en mai dernier par l’agence Reuters. Pour rappel, il craignait ne pas être en mesure d’honorer les engagements pris par l’Allemagne auprès de l’Otan, notamment dans le domaine aérien. Quoi qu’il en soit, cela pose de gros soucis pour l’entraînement des pilotes…

Le programme Eurofighter a connu quelques déboires en Allemagne, notamment avec le dérapage des coûts liées à la maintenance et à l’exploitation de ces avions. Qui plus est, ces derniers ont souffert de défauts techniques, ce qui a contraint la Luftwaffe à les maintenir temporairement au sol et/ou à restreindre leur domaine de vol.

La situation des chasseurs-bombardiers PANAVIA Tornado (dont certains sont utilisés pour des missions de reconnaissance, comme c’est le cas en Jordanie, dans le cadre de la coalition anti-jihadiste) n’est guère plus enviable, avec seulement 26 avions disponibles sur 93.

Comme en France, l’avion de transport A400M « Atlas » connaît des déboires outre-Rhin. Sur les 15 appareils en dotation au sein de la Luftwaffe, seuls 3, en moyenne, sont prêts à l’emploi. Le rapport parle de « défauts de qualité » et d’une disponibilité « limitée et nettement plus faible que prévu ». Un euphémisme.

« Nous aurons besoin de beaucoup plus de fonds dans les années à venir pour que la Bundeswehr puisse accomplir les missions et missions que le Parlement lui confie », a commenté Mme von der Leyen, dans un entretien donné au journal Passauer Neue Presse.

L’accord de coalition entre les chrétiens-démocrates de la CDU/CSU et les sociaux-démocrates (SPD) prévoit d’ajouter 10 milliards d’euros supplémentaires au budget de la Bundeswehr au cours des 4 prochaines années.

« Les objectifs de l’Otan [un budget équivalent à 2% du PIB, ndlr] ne devraient pas être atteints avant 2024. Dans l’accord de coalition, nous avons établi un chemin pour cette cible. C’est encore un dur travail qui est devant nous. Mais je suis convaincue que nous pouvons le faire », a conclu la ministre allemande de la Défense.

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