Selon l’ONU, la Corée du Nord a fourni à la Syrie des composants servant à fabriquer des armes chimiques

La Syrie et la Corée du Nord entretiennent de très bonnes relations depuis longtemps. Au point même de partager des compétences dans le domaine de la technologie nucléaire, comme ce fut le cas en 2007 à al-Khibar, un complexe située dans la province syrienne de Deir ez-Zor.

Ce site fit l’objet d’un raid aérien israélien audacieux en septembre de cette année-là. La raison de cette opération militaire ne fut pas avancée tout de suite. Il fallut patienter quelques mois pour apprendre qu’al-Khibar abritait un chantier de réacteur nucléaire, construit selon les mêmes normes que celui de Yongbyon, en Corée du Nord. Et, malgré les efforts syriens pour dissimuler les preuves, l’enquête dilligentée par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) confirma la présence, sur les lieux, particules de graphite et d’uranium non-naturel.

Mais, a priori, le nucléaire n’était pas le seul domaine de coopération entre la Syrie et la Corée du Nord. En août dernier, il avait été fait état de l’arraisonnement de deux navires nord-coréens transportant chacun une cargaison destinée au Centre d’études et de recherches scientifiques (CERS), lequel supervisait (officiellement jusqu’en 2013) le programme d’armes chimiques syrien.

Dans un rapport de 200 pages, auquel ont eu accès plusieurs médias, le groupe d’experts des Nations unies, chargé d’enquêter sur d’éventuelles violations des sanctions prises à l’égard de la Corée du Nord pour ses activités nucléaires et balistiques, confirme l’interception de ces deux cargos nord-coréens (sans préciser comment ils ont été interceptés) et va même jusqu’à assurer que
Pyongyang a contourné l’embargo sur les armes concernant la Syrie à au moins 40 reprises entre 2012 et 2017. Et cela, sans la moindre détection par des moyens satellitaires de renseignement.

Les 8 experts qui composent ce groupe de l’ONU viennent tous de différents pays et ont des compétences reconnues dans les domaines des armes de destruction massive, le contrôle douanier ou encore le transport maritime.

S’agissant toujours des deux navires nord-coréens arraisonnés en janvier 2017, ils transportaient notamment des carreaux résistant aux acides, de valves de résistances spéciales et de thermomètres connus pour être généralement utilisés dans des programmes d’armements chimiques.

Le rapport en question produit la copie d’un contrat conclu entre la Metallic Manufacturing Factory, une entreprise publique syrienne, et la Korea Mining Development Trading Corp. Au total, cinq livraisons étaient prévues et trois ont pu être effectuées, à la fin de l’année 2016.

Outre ces transactions, le rapport des experts de l’ONU affirme aussi que des techniciens nord-coréens, spécialisés dans la technologie des missiles, ont travaillé en Syrie, précisément dans les bases de Barzeh [quartier dans le nord-est de Damas, où est installé l’Institut supérieur de sciences appliquées et de technologie], Adra et Hama. Et cela, « à un moment où il y avait un transfert de soupapes spéciales de résistance et de thermomètres connus pour être utilisés dans les armes chimiques. » Cependant, sur ce point précis, le document n’a fait que reprendre une information donnée par « un pays membre non identifié des Nations unies ».

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