Otan : Pour le moment, les VBCI du sous-groupement tactique français déployé en Lituanie ont été « mis au hangar »

Selon le Retour d’expérience (RETEX) relatif à l’engagement, en Estonie, d’un sous-groupement tactique interarmes (S/GTIA) de l’armée de Terre au sein d’un bataillon multinational de l’Otan dirigé par les Britanniques [mission Lynx, ndlr], le Véhicule blindé de combat d’infanterie (VBCI) a été « particulièrement sollicité et apprécié » dans la mesure où il « a donné toute satisfaction en termes de mobilité, tout en offrant de bonnes capacités de résistance à la chaleur et au froid et à régénération du combattant. »

Depuis janvier, le S/GTIA Lynx, principalement armé par le 5e Régiment de Dragons (RD), a été transféré en Lituanie, où il a intégré un autre bataillon de l’Otan, cette fois à dominante allemande. À cette occasion, de nouveaux moyens ont été envoyés dans ce pays balte, avec le déploiement d’une section de Véhicule à Haute Mobilité (VHM) fournie par le 7e Bataillon de chasseurs alpins (BCA).

La raison de ce renfort a été donnée par le général Jean-Pierre Bosser, le chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), à l’occasion d’une audition devant les députés de la commission de la Défense nationale.

Dans ce « nouveau théâtre d’engagement » qu’est le nord de l’Europe, les « forces en présence sont plutôt de type régulières, préparées pour la haute intensité », a souligné le CEMAT. « C’est pourquoi nous y avons déployé avec les Britanniques en Estonie des chars Leclerc et des véhicules blindés de combat d’infanterie », a-t-il rappelé.

Seulement, le terrain en Lituanie n’est pas le même qu’en Estonie. D’où la décision du général Bosser, prise avec son homologue allemand « de modifier légèrement l’architecture de nos forces et donc de déployer, à titre expérimental, un détachement de chasseurs alpins. » Pourquoi? Parce que les « VBCI ont été mis au hangar » et que « les chasseurs alpins en question circulent à bord de véhicules à haute mobilité », a-t-il expliqué.

« En Lituanie plus encore qu’en Estonie, les conditions de mobilité sont très réduites du fait de la géographie – il y a une coupure humide, autrement dit un fleuve, tous les dix kilomètres [la Lituanie compte 21 cours d’eau principaux, ndrl], ce qui nécessite des moyens de franchissement – et du fait de l’hiver – l’importante épaisseur de la neige nécessitant l’utilisation de moyens particuliers », a justifié le CEMAT.

Pourtant, la Lituanie a commandé 88 ARTEC Boxer, un véhicule qui est le concurrent direct du VBCI français. Mais sa force terrestre compte également des véhicules blindés de transport de troupes à chenilles, dont des M113 et des M577V2.

Quoi qu’il en soit, l’armée de Terre a des capacités de franchissement des « coupures humides » limitées. « Nos pays comptaient l’un sur l’autre; seulement, les restrictions capacitaires ont affecté les mêmes secteurs de chaque armée, si bien que les armées britanniques, allemande et française sont toutes trois fragiles en matière de franchissement et aucune ne peut vraiment aider l’autre », a fait valoir le général Bosser.

« Le système de franchissement léger (SYFRAL) fait par conséquent partie des objectifs de remontée en puissance de l’armée de terre. Nous avions un peu perdu de vue cette particularité du centre-Europe puisque, depuis vingt ans, nous faisons la guerre plutôt en Afrique subsaharienne où le franchissement n’est pas un facteur déterminant », a encore ajouté le CEMAT, qui a dit attendre avec impatience le RETEX des chasseurs alpins « concernant la mobilité, l’équipement pour les grands froids et les systèmes de vision nocturne puisqu’il fait plus souvent nuit que jour dans ces pays à cette saison. »

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