M. Macron veut un service national obligatoire de 3 à 6 mois, pouvant avoir une « ouverture sur la chose militaire »

Le projet d’instaurer un service national universel d’un mois – une promesse de campagne du candidat Emmanuel Macron – n’en finit pas de susciter des interrogations et des réserves, notamment sur ses modalités de mise en oeuvre, son contenu et son coût, estimé à 2,4/3 milliards par an. Et le fait qu’il soit obligatoire ou pas a fait débat ces derniers jours.

« Il n’aura probablement pas un caractère obligatoire, au sens où les gendarmes viendraient rechercher le réfractaire », a ainsi lâché, le 9 février, Florence Parly, la ministre des Armées, qui est concernée par ce projet.

Trois jours plus tard, Jean-Jacques Bridey, président de la commission de la Défense, à l’Assemblée nationale, et poids lourd de la majorité, a estimé que « ‘l’on ne pas le rendre obligatoire pour des adultes » pour des raisons juridiques dans la mesure où il y aurait une possibilité de « recours devant la Cour européenne des droits de l’Homme. »

Le lendemain, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Grivaux, a remis les pendules à l’heure. Ce service « sera universel, concernera toute la classe d’âge et sera obligatoire », a-t-il en effet déclaré, sur les ondes de Radio Classique.

Dernier épisode en date : l’intervention du président Macron devant l’Association de la presse présidentielle. Ainsi, selon ses propos, il n’est plus question d’un service devant durer un mois… mais de trois à six mois.

Le chef de l’État a en effet parlé d’un service « obligatoire, ouvert aux femmes et aux hommes », pouvant avoir une « ouverture sur la chose militaire » mais « dont la forme pourra être civique. » Il pourrait durer « autour d’un trimestre », voire être plus long « si l’on intègre un service civique », a-t-il affirmé.

Par ailleurs, M. Macron a admis que ce service national universel « ouvert sur la chose militaire », aura « un coût ». Mais, a-t-il ajouté, « je ne pense pas qu’il soit prohibitif » car « il ne s’agit pas de recréer des casernements massifs ». Selon les estimations d’un récent rapport gouvernemental, il faudrait trouver 3,2/5,4 milliards pour le mettre en route. Une somme qui s’ajouterait à son coût de fonctionnement, équivalent, grosso modo, au budget annuel de la dissuasion nucléaire.

Quand il fit cette promesse d’instaurer ce service national universel, en mars 2017, M. Macron avait affirmé que son coût ne serait pas supporté par le ministère des Armées. Ce qu’il a répété, le 19 janvier dernier, à Toulon, à l’occasion de ses voeux aux armées.

Les propos de M. Macron soulèvent plus de questions qu’ils n’apportent de réponses. Comment accueillir 600.000 à 800.000 jeunes pendant 3 à 6 mois alors que de nombreuses casernes et bases ont été cédées (parfois pour l’euro symbolique) depuis la suspension de la conscription (et l’allongement de la durée signifie, de facto, que les installations scolaires ne seront pas utilisées [ndlr, comme l’avait suggéré le candidat Macron]? Combien de militaires seront-ils nécessaires pour sa mise en oeuvre? Comment sera-t-il financé? Que signifie réellement cette « ouverture sur la chose militaire »? Que fera-t-on des « insoumis »? Que sera-t-il prévu pour les jeunes dont la santé ne permettra pas de faire ce service?

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