La Russie assume les manoeuvres aériennes dangereuses lors d’interception d’avions de l’Otan

Des avions Su-24 « Fencer » qui enchaînent les passes à basse altitude au-dessus de destroyers américains, des chasseurs Su-30 et Su-27 qui effectuent des manoeuvres dangereuses près des appareils de l’Otan qu’ils viennent d’intercepter… Ces dernières années ont été riches d’incidents de ce type, que ce soit en Baltique, en mer Noire, voire en Syrie. Au point qu’il est à se demander si l’attitude des pilotes russes n’est pas délibérée.

Le 29 janvier, un nouveau cas a été rapporté. Cette fois, un avion de renseignement EP-3 Aries II de l’US Navy, qui se trouvait dans l’espace aérien international, au-dessus de la mer Noire, pour une mission dans le cadre de l’Otan, a dangereusement été approché à 1m50 par un Su-27 russe. Et ce dernier a coupé la trajectoire de l’appareil américain, l’obligeant à voler dans son sillage, avec les perturbations que cela suppose.

« les militaires russes ont le droit d’opérer dans l’espace aérien international, mais ils doivent se conformer aux normes internationales établies pour assurer la sécurité et prévenir les incidents, notamment celles entrant dans le cadre de l’Accord de 1972 pour la prévention des incidents sur et en haute mer (INCSEA) », a réagi, plus tard, l’US Navy.

De son côté, le ministère russe de la Défense a affirmé que le vol du Su-27 s’était « déroulé dans le strict respect des normes d’utilisation de l’espace aérien. » Et d’insister : « Les manoeuvres du chasseur russe […] étaient normales, absolument légales et parfaitement sûres pour l’avion de surveillance américain. »

Seulement, l’US Navy Forces Europe (NAVEUR) a diffusé plusieurs vidéos de l’incident en question. Et, effectivement, l’on peut constater que le Su-27 russe, armé de missiles air-air R-27, a volé très près de l’EP-3 Aries II. « Le plus petit défaut de concentration ou d’erreur de la part du pilote de l’avion intercepteur peut avoir des conséquences désastreuses. Il n’y a pas de marge d’erreur et de temps ou d’espace pour permettre à nos équipages de prendre des mesures correctives », a fait valoir le commandant de la Task Force 67.

La diffusion de ces images a donné lieu à une nouvelle réaction du ministère russe de la Défense. Et, visiblement, il assume totalement les manoeuvres de ses pilotes. La force aérospatiale « continuera à maintenir une protection fiable de l’espace aérien russe. Si cela cause une dépression ou une phobie chez les pilotes américains, nous conseillons à la partie américaine d’éviter les vols à proximité des frontières russe ou qu’elle revienne à la table des négociations pour convenir d’un ensemble de règles pour de tels vols. », a-t-il fait savoir.

Et d’ironiser par la suite : « Nous aimerions nous adresser au commandant de la 67ème Task Force de la 6ème Flotte, Bill Ellis, en lui rappelant que la Crimée fait partie intégrante de la Russie ». En outre, a-continué le ministère russe de la Défense, les « États-Unis doivent garder à l’esprit qu’ils rencontreront des combattants russes et non des partenaires ukrainiens » et ils devraient « fournir à leurs équipages des cartes actualisées de l’espace aérien de la Russie. »

Enfin, la partie russe a fait était de « manoeuvres similaires d’avions de l’Otan » quand ses appareils sont interceptés au-dessus des mers Baltique, de Norvège et du Nord. » Manoeuvres qui « n’ont absolument aucun effet sur les équipages russes », a-t-elle fait valoir, sans apporter la moindre preuve de ses affirmations au sujet de l’attitude des pilotes occidentaux. En revanche, Moscou s’offusque parfois de la communication faite autour des interceptions de ses bombardiers stratégiques, près des frontières des pays de l’Otan et/ou de l’UE. Cela a été le cas en janvier, quand l’ambassadeur de Russie à Londres a vivement critiqué la Royal Air Force, laquelle venait de publier un communiqué sur la rencontre de deux Eurofigther Typhoon avec deux Tu-160 « Blackjack » volant près de la zone d’intérêt britannique.

Par ailleurs, et signe que les tensions ne sont pas près de s’apaiser, les États-Unis et la Russie se disputent aussi sur la mise en oeuvre du Traité Ciel ouvert, lequel consiste à effectuer des vols de surveillance non armées au-dessus du territoire des 35 pays signataires afin de renforcer la compréhenion et la confiance mutuelle au sujet des forces militaires de chacune des parties.

En septembre dernier, le général Joseph Dunford, le chef d’état-major interarmées américain, fit état du refus de la Russie d’autoriser le survol de l’enclave de Kaliningrad (fortement militarisée), de la Tchétchénie et de l’Ossétie du Sud (territoire séparatiste faisant normalement partie de la Géorgie). En retour, Washington imposa des restrictions aux inspecteurs russes, qui souhaitaient survoler l’Alaska et Hawaï. Ce qui a récemment conduit Moscou à prendre de nouvelles mesures de rétorsion.

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