La Chine a l’intention de disposer d’une base militaire dans le nord de l’Afghanistan

En novembre 2016, le site d’information Wion avait publié des photographies qui, prises dans la région de Pamir Khord [ou Petit Pamir], montraient des véhicules militaires chinois, dont des Dongfeng EQ 2020 (ou Mengshi) et blindé de type MRAP (Mine Resistant Ambush Protected) Norinco VP11.

Quelques semaines plus tard, l’Institut américain Asie centrale-Caucase, de l’Université Johns-Hopkins, confirma, sur la foi de témoignages, la présence de militaires chinois dans l’extrême-nord de l’Afghanistan, qui partage avec la Chine une frontière de 76 km, au bout du corridor du Wakhan.

Pour autant, cette présence chinoise dans le « Petit Pamir » pouvait alors s’expliquer par un accord que signèrent, en août 2016, Pékin, Kaboul, Douchanbé et Islamabad afin de renforcer le contrôle de leurs frontières, dans le cadre d’un mécanisme appelé QCCM [Quadrilateral Cooperation and Coordination Mechanism]. Accord à l’efficacité très relative dans la mesure où les autorités afghanes ont remis à leurs homologues pakistanaises des éléments « prouvant » que la dernière vague d’attentats revendiqués par les taliban à Kaboul (plus de 150 morts et 250 blessés) avaient été planifiés depuis le Pakistan, par ailleurs proche allié de la Chine.

Et c’est justement ce dernier point qui peut expliquer les bonnes relations qu’entretiennent Kaboul et Pékin. En effet, le président afghan, Ashraf Ghani, estime que d’avoir de bons rapport avec la Chine inciterait cette dernière à faire pression sur son allié pakistanais.

D’autant plus que, pour les autorités chinoises, la stabilité de l’Afghanistan est essentielle pour le couloir économique qui doit relier le port pakistanais de Gwadar à la province du Xinjiang. Les sommes en jeu sont conséquentes : il est question d’un investissement de 54 milliards de dollars pour relier l’ouest de la Chine à l’Océan Indien (projet CPEC). En outre, Pékin lorgne sur les ressources minières afghanes. Déjà, la compagnie d’État China Metallurgical Group Corporation a obtenu une concession pour exploiter la mise de cuivre de Mes-Aynak, dans la province du Logar.

Une autre raison de l’intérêt de la Chine pour l’Afghanistan est sécuritaire. Pour Pékin, il s’agit d’éviter, depuis le Wakhan, toute infiltration de jihadistes dans le Xinjiang, où ils pourraient profiter des revendications séparatistes de la minorité ouïghoure, de confession musulmane. D’où les patrouilles chinoises signalées dans la région de Pamir Khord, lesquelles avaient été d’ailleurs officiellement démenties par Pékin.

Mais, visiblement, l’armée populaire de libération (APL) veut aller encore plus loin étant donné que Pékin négocie actuellement l’implantation d’une base militaire en Afghanistan, dans les montagnes du Wakhan, également frontalières avec le Pakistan et le Tadjikistan.

Ce projet a été confirmé par Mohammad Radmanesh, le porte-parole adjoint du ministère afghan de la Défense. « Nous allons la construire [la base] mais le gouvernement chinois s’est engagé à contribuer à son financement et à entraîner et équiper les soldats afghans », a-t-il en effet déclaré, rapporte l’AFP.

Côté chinois, on n’a pas souhaité commenter cette information. « Nous continuons d’aider le pays à renforcer ses capacités », a seulement dit un responsable de l’ambassade de Chine à Kaboul. Le silence radio est aussi de mise pour la mission de l’Otan « Resolute Support ».

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