Au moins 50 jihadistes tunisiens seraient arrivés en Europe, via la route des migrants

En février 2016, Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense, avait fait part du risque « majeur » de voir des jihadistes se mêler aux migrants arrivant à Lampedusa (Italie). À l’époque, il pensait surtout aux combattants de l’État islamique (EI) présents en Libye.

Trois plus tard, Interpol et Europol firent part de leur « préoccupation croissante » face au risque d’infiltration jihadiste parmi les migrants. Une menace d’ailleurs mise en lumière lors des attentats du 13 novembre 2015.

« Bien qu’un lien systématique entre le trafic de migrants et le terrorisme ne soit pas prouvé, il y a un risque accru de voir les combattants terroristes étrangers utiliser les flux migratoires pour entrer (ou revenir) dans l’Union européenne », avaient en effet souligné les deux organisations de coopération policière dans un rapport conjoint.

En septembe dernier, l’hebdomadaire Der Spiegel révélait que 60 membres de l’organisation islamiste Liwa Owais al-Qarni, coupables d’exactions contre les civils et les soldats syriens, avaient trouvé refuge en Allemagne. Et seulement 25 d’entre-eux avaient alors pu être identifiés par la police allemande.

Et, dernièrement, le quotidien britannique The Guardian a évoqué l’existence d’une liste qui, établie par Interpol, indique qu’une cinquantaine de jihadites d’origine tunisienne seraient arrivés en Sicile à bord de bateaux non identifiés ayant emprunté la route des migrants, entre juillet et octobre 2017.

Selon le journal, ce document donne leur identité complète. Au moins quatre seraient déjà bien connus des services de renseignement et l’un d’eux, rapporte The Guardian, « pourrait avoir déjà franchi la frontière franco-italienne pour rejoindre le Gard, un département du sud de la France dans la région Occitanie. »

« La plage de Torre Salsa à Agrigente est récemment devenue l’un des points de débarquement les plus populaires pour les migrants tunisiens qui tentent d’atteindre l’Europe. La plupart partent de Ben Guerdane, une ville tunisienne frontalière avec la Libye, où l’EI a affronté l’armée tunisienne en 2016, tuant au moins 28 personnes », explique le quotidien. Depuis juillet 2017, 3.000 Tunisiens y auraient débarqué, avant de s’envoler dans la nature. La police italienne aurait réussi à arrêter et à identifier que 400 d’entre-eux.

Pour le moment, Interpol n’a pas opposé de démenti à cet article du Guardian. En revanche, le ministère italien de la Sécurité publique n’a pas manqué d’y réagir.

« Dans le cadre d’une relation consolidée, constante et prolifique de collaboration et d’échange d’informations, les autorités tunisiennes ont signalé l’entrée probable en Italie de membres de groupes prétendument fondamentalistes. […] Le succès de la coopération policière internationale entre les deux États nous a permis de retrouver un petit nombre de personnes signalées qui, suivant les procédures d’identification prévues, ont été immédiatement rapatriées », a-t-il fait valoir. Et d’ajouter : « Il convient également de rappeler que grâce à la collaboration susmentionnée avec les autorités tunisiennes, des rapatriements collectifs sont effectués deux fois par semaine vers ce pays. »

Quoi qu’il en soit, ce même ministère de la Sécurité publique a indiqué, le 29 janvier, avoir expulsé un ressortissant tunisien représentant une menace envers la sécurité de l’État en raison de son appartenance à la mouvance islamiste. Depuis 2015, 243 cas de la sorte ont été constatés.

Photo : Archives

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