Le président Macron met en garde la Turquie contre une invasion du nord de la Syrie

Depuis le 20 janvier, avec les groupes rebelles syriens qu’elle soutient, la Turquie a lancé l’opération « Rameau d’olivier » dans le secteur d’Afrin qui, situé dans le nord de la Syrie, est tenu par les milices kurdes syriennes (YPG – Unités de protection du peuple), qu’elle considère comme terroristes en raison de leur liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan, un mouvement autonomiste turc.

Cette offensive, menée, a priori, avec le consentement de la Russie (Afrin est dans la zone d’influence de cette dernière), donne lieu à des tensions avec la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis étant donné que cette dernière appuie les YPG contre les combattants de l’État islamique (EI ou Daesh). Qui plus est, les autorités turques n’ont pas caché leur intention d’étendre l’opération « Rameau d’olivier » à d’autres secteurs contrôlés par les Kurdes syriens, comme celui – stratégique pour la lutte contre Daesh – de Manbij.

Pour l’Otan (mais aussi pour les États-Unis), cette situation est inconfortable, la Turquie étant un allié essentiel pour assurer la surveillance des détroits reliant la mer Noire à la Méditerranée et donc celle de l’activité navale russe. D’où les appels à la « mesure » adressés à Ankara. « La Turquie est l’un des pays de l’Otan qui a le plus souffert du terrorisme. Toutes les nations ont le droit de se défendre, mais ceci doit être fait de manière proportionnée et mesurée », a ainsi affirmé, le 25 janvier, Jens Stoltelberg, le secrétaire général de l’Alliance atlantique.

Plus tôt, le président français, Emmanuel Macron avait fait part de « sa préoccupation » à son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, au sujet de cette offensive visant les YPG à Afrin, tout « en tenant compte des impératifs sécuritaires de la Turquie. » En outre, il avait aussi rappelé « la nécessité d’une part de lutter en priorité contre Daesh et toutes les forces jihadistes en présence, d’autre part d’assurer pour les populations civiles des conditions humanitaires indispensables, et enfin de favoriser les conditions sur le terrain d’une solution politique durable. »

Une semaine plus tard, et alors que les forces turques ont intensifié leurs raids aériens sur Afrin, le président Macron a lancé une mise en garde à Ankara. « S’il s’avérait que cette opération devait prendre un autre tour qu’une action pour lutter contre un potentiel terroriste menaçant la frontière turque et que c’était une opération d’invasion, à ce moment, cette opération nous pose un problème réel », a-t-il prévenu, dans un entretien publié par le site Internet du Figaro.

L’opération turque « suppose d’avoir des discussions et de prendre des décisions à la fois entre Européens, mais plus largement entre alliés. Car elle change la nature de cette incursion turque et c’est pour cela que je vais parler dans les prochains jours à nouveau avec Erdogan », a-t-il ajouté.

Pour assurer la sécurité de la Turquie, M. Macron plaide pour une solution « inclusive ».

« Je souhaite travailler avec les Jordaniens qui accueillent beaucoup de réfugiés et, autour des Jordaniens, que l’on puisse construire une véritable solution inclusive avec les Saoudiens, les Américains et les Égyptiens, précise le chef de l’État. Je souhaite convaincre les Turcs et les Russes qu’on peut construire cette solution véritablement inclusive, et alors l’opposition syrienne viendra (aux négociations) et les Russes doivent y amener le régime », a expliqué M. Macron

« Avec cet élément de stabilité et la protection des frontières, il y aura les éléments de sécurité attendus par la Turquie. Mais on ne peut pas avoir une sécurité bâtie sur le terrain sans respect de la souveraineté syrienne contre un ennemi [les Kurdes] qui n’est plus Daesh », a encore fait valoir le président français.

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