Pour Israël, le Liban ne doit pas devenir un « site géant pour missiles » iraniens

Ce n’était jamais arrivé : le 28 janvier, des sites Internet de l’opposition libanaise ont publié une tribune signée par le général Ronen Manelis, le porte-parole des forces armées israéliennes (Tsahal). Et ce dernier, s’adressant directement aux habitants du Pays du Cèdre, a fait une claire mise en garde.

« Le Liban est devenu – à la fois par ses propres actions et omissions et par l’aveuglement de nombreux membres de la communauté internationale – une grande usine de missiles » iraniens, a ainsi écrit le général Manelis. « Il ne s’agit plus de transferts d’armes, d’argent ou de conseils : l’Iran a de facto ouvert une nouvelle branche, la branche libanaise », a-t-il ajouté.

Le Hezbollah, la milice chiite libanaise qui « ne cache pas ses tentatives de prendre le contrôle de l’État », a construit des « infrastructures terroristes et des usines pour fabriquer des armes sous le nez du gouvernement libanais », a accusé le général Manelis.

Puis, le porte-parole de Tsahal a souligné que l’année 2017, comme les 11 autres qui l’ont précédée depuis la fin de la Seconde guerre du Liban, « s’est caractérisée par une relative stabilité sur le front libanais. » Aussi, a-t-il poursuvi, ce « calme bénéficie aux résidents des deux côtés. »

Seulement, a continué le général Manelis, « l’année écoulée » a aussi donné une « nouvelle preuve que le Hezbollah est une branche opérationnelle de l’Iran » et « dans chaque endroit où il y a de l’instabilité, nous découvrons l’empreinte de l’Iran et partout nous découvrons l’implication du Hezbollah ».

D’où son avertissement. D’après lui, environ 200 villages du Sud Liban ont été « transformés en bastions militaires », à partir desquels le Hezbollah « peut observer les soldats israéliens. » Or, a déclaré le général Manelis, « le citoyen ordinaire aura tort de penser que ce processus transforme le Liban en une forteresse, ce n’est rien de plus qu’un baril de poudre sur lequel lui, sa famille et ses biens sont assis. » Et de conclure : « L’avenir des citoyens libanais est dans les mains d’un dictateur qui se trouve à Téhéran. […] Je pense qu’il est juste d’avertir les habitants du Liban du jeu iranien dans leur sécurité et leur avenir. »

Le lendemain, peu avant de s’envoler en direction de Moscou, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou a donné dans la même veine. Évoquant son futur entretien avec le président russe, Vladimir Poutine, il a indiqué qu’il discuterait « des efforts incessants déployés par l’Iran pour établir une présence militaire en Syrie, à laquelle nous nous opposons fermement et contre laquelle nous agissons » mais aussi des « des efforts menés par l’Iran pour transformer le Liban en un site géant pour missiles, un site pour des missiles de précision dirigés contre l’État d’Israël, ce que nous ne tolérerons pas. »

Les accusations israéliennes ne sont pas nouvelles. En août, M. Netanyahu avait en effet accusé l’Iran « d’installer des sites de production de missiles en Syrie et au Liban avec l’objectif d’utiliser ces armes contre Israël. » Quelques jours plus tôt, la société israélienne d’imagerie satellitaire ImageSat International, qui exploite les satellites d’observation Eros, avait publié des photographies d’une usine qui, située à Wadi Jahannam, dans le nord-ouest de la Syrie, ressemblait à un site de production de missiles implanté près de Téhéran.

En juin, le chef du renseignement militaire israélien, le général Herzl Halevi, avait accusé le Hezbollah d’installer une « industrie » de l’armement au Liban, grâce au savoir-faire iranien. « Au cours de la dernière année, l’Iran a travaillé à mettre en place des installations de production indépendantes pour des armements précis au Liban et au Yémen. Nous ne pouvons pas rester indifférents à cela », avait-il prévenu.

Avec la défaite de l’État islamique (EI ou Daesh) et les revers infligés aux autres factions rebelles en Syrie y ont favorisé l’implantation militaire iranienne ainsi que celle du Hezbollah. D’où l’inquiétude d’une « hégémonie iranienne » dans la région que partagent à la fois Israël et les monarchies sunnites du Golfe arabo-persique (GAP).

« Téhéran veut prendre le contrôle du Moyen-Orient, en créant un croissant chiite du Liban jusqu’à l’Iran et du golfe Persique jusqu’à la mer Rouge. Nous devons prévenir cela », avait affirmé le général Gadi Einsenkot, le chef d’état-major de Tsahal, à l’occasion de son premier entretien donné à un média arabe. « Nous devons mettre en œuvre un vaste plan stratégique inclusif pour arrêter le danger iranien. Nous sommes disposés à échanger des informations provenant du renseignement avec les pays arabes modérés pour faire face à l’Iran », avait-il ajouté.

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