Opération Harpie : Le nombre de sites illégaux d’orpaillage a doublé en 2017

Malgré les efforts des Forces armées en Guyane (FAG) dans le cadre de l’opération Harpie, les derniers chiffres concernant l’orpaillage illégal ont de quoi être décourageants. En effet, au 1er janvier 2017, 302 chantiers clandestins avaient été recensés. Un an plus tard, leur nombre a doublé, avec 609 sites actifs ou « partiellement détruits ». Il faut remonter à 2009 pour trouver des statistiques semblables.

Par ailleurs, le Parc amazonien de Guyane (PAG) a fait état, lors de son dernier comptage, de 171 sites actifs, soit 6 de moins par rapport à une précédente mission d’observation qui, réalisée en août dernier, avait toutefois noté une hausse de 78% du nombre de ces chantiers illégaux en l’espace de quelques mois.

Pourtant, les FAG ne sont pas restées l’arme au pied, en menant plusieurs actions contre l’orpaillage clandestin. Ainsi, d’octobre à décembre, elles furent engagées dans l’opération « Taowa ». Au cours de cette dernière, avec les gendarmes, les 373 marsouins, sapeurs, aviateurs et légionnaires détruisirent 114 puits illégaux d’orpaillage et 22 galeries. Et cela, dans des conditions difficiles, les garimpeiros [les orpailleurs clandestins, ndlr] n’hésitant pas à faire le coup de feu contre les militaires.

D’ailleurs, le procureur de la République, Éric Vaillant, a rendu hommage aux militaires des FAG lors de son discours prononcé à l’audience solennelle du tribunal de grande instance de Cayenne, le 26 janvier. « Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les forces Harpie ont détruit 808 sites illégaux en 2016 et 645 en 2017. Imagine-t-on vraiment le travail des hommes en forêt pour parvenir à ces résultats? Ils méritent notre respect », a-t-il dit.

Quant à la hausse significative du nombre de chantiers illégaux d’orpaillage, le procureur de la République a donné plusieurs raisons : la nécessité de renforcer la lutte contre la délinquance, ce qui a détourné les gendarmes de l’opération Harpie, de même que le mouvement social du dernier printemps, qui « a mobilisé de nombreuses forces de l’ordre », le blocage de l’aéroport de Maripasoula ou encore le passage de l’ouragan Irma, aux Antilles, qui a demandé des renforts militaires en provenance de la Guyane.

Cela étant, et comme l’a indiqué le président Macron lors de sa visite en Guyane, l’opération Harpie, lancée il y a maintenant 10 ans, va être « renouvelée » et « repensée ». Pour le procureur, le moyen de lutte le plus efficace contre l’orpaillage reste encore la destruction des sites et des matériels nécessaires à l’extraction de l’or, sous l’autorité d’un officier de police judicaire (ou des ajoints de police judiciaire).

Seulement, « encore trop de missions (20 à 30%) des FAG partent sans ce que j’appelle par facilité des ‘agents destructeurs’. Nous devons y mettre fin en mobilisant et en organisant mieux les agents de toutes les administrations qui disposent de personnels ayant les pouvoirs de destructions des sites », a estimé le procureur, pour qui l’accent doit être davantage mis sur la lutte contre les « logisticiens ». En outre, il a souhaité plus de sévérité à l’égard des garimpeiros qu’il « faut cesser de décrire comme les nouveaux esclaves modernes alors qu’ils sont en réalité des délinquants assumés qui, pour s’enrichir, viennent piller l’or de Guyane et polluer sa terre. »

Par ailleurs, les FAG ont obtenu des résultats probants contre un autre fléau qui ronge la Guyane : la pêche illicite. Et les nouveaux moyens dont est dotée la Marine nationale (embarcation remonte-filet Caouanne, patrouilleurs légers guyanais) y ont certainement contribué. Ainsi, en 2017, 115 bateaux illégaux ont été arraisonnées (soit 36 de plus que l’année précédente), 31 autres ont été déroutés, 128.000 kg de poissons ont été saisis (soit + 20% environ) et 259 km de filets ont été soit détruits, soit saisis.

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