Armées : Mme Parly veut mettre « l’imagination au pouvoir »

Lors de ses voeux aux Armées, le 19 janvier, à bord du Bâtiment de projection et de commandement (BPC) Dixmude, à Toulon, le président Macron a rassuré les militaires pouvant être »gagnés par la routine ou une certaine méfiance » après les « réductions de format » et les « batailles budgétaires des années passées » en affirmant qu’il tiendrait son engagement d’augmenter significativement les crédits de la mission Défense au cours de son mandat et que les pratiques anciennes n’auraient plus cours.

« Ce logiciel là, dans les conditions budgétaires que la Nation consent, il faut l’oublier. Nous n’avons aujourd’hui qu’un mot d’ordre : la confiance retrouvée et l’exigence qui va avec. Cet engagement, il est clair; je le prends devant vous, il s’accompagne d’une exigence qui est tout aussi claire : une transparence partagée et une confiance restaurée entre tous les ministères », a en effet déclaré le chef de l’État.

Cela étant, l’on notera que l’essentiel de l’effort pour atteindre un budget des Armées équivalent à 2% du PIB se ferait à partir de 2023, c’est à dire en fin de programmation, avec une hausse annoncée de 3 milliards d’euros. D’autres gouvernements ont utilisé cette ficelle par le passé…

Quoi qu’il en soit, le président Macron a affirmé que « c’est l’imagination, la volonté d’aller de l’avant, le dynamisme qui font la force de nos armées et de notre pays. » Et d’ajouter : « J’attends de chaque chef, de chaque responsable, de chaque commandant d’unité et chef de corps qu’il insuffle cette nouvelle dynamique. »

De l’imagination, il en a aussi été question lors des voeux de Mme Parly, la ministre des Armées. Car il en faudra pour mener à bien la « profonde transformation » de son ministère, qu’elle a annoncée en septembre dernier. Mais pour cela, chaque militaire devrait se sentir impliqué. C’est, en tout cas, ce qu’elle a laissé entendre.

« À Gao, à H5, au large de Chypre, j’ai vu tout ce dont étaient capables nos forces. Leur capacité à ne jamais renoncer, à s’adapter à tout circonstance et à répondre rapidement à des besoins avec des moyens somme toute sommaires. Il y a un peu de MacGyver dans chacun de nos soldats, marins et aviateurs. Profitons-en! », a affirmé Mme Parly, pour qui cette « ingéniosité doit gagner plus encore nos laboratoires, nos ambitions, nos habitudes. »

« J’ai vu […] que votre imagination ne connaît pas de limites. Nous voulons modifier les usages, simplifier les procédures, rendre accessible le ministère. En 2018, nous accélérerons ce mouvement en alliant toutes les bonnes volontés et toutes les créativités », a encore insisté Mme la ministre.

Aussi, et en référence à mai 1968, Mme Parly a dit qu’elle aimerait retenir le slogan « L’imagination au pouvoir », qui « n’a pas pris une ride ». Et d’ajouter : « Partout, et je sais que le SGA, l’EMA, le SCA, la DGA et tous les services s’y emploient, nous ne devons pas nous brider, nous ne devons pas nous censurer, nous ne devons pas nous limiter. Toutes les idées, quelles qu’en soient le champ, sont bonnes à prendre et nos seules limites seront celles que nous nous imposerons. »

Faire appel à l’imagination (et/ou à l’ingéniosité) des militaires n’est pas nouveau. Ainsi, par exemple, cela été le cas pendant la Première Guerre Mondiale, comme l’avait démontré une « Lettre du Retex » du colonel Michel Goya. À l’époque, la circulation rapide des informations aussi bien « verticalement qu’horizontalement » entre les unités, « l’acceptation de débats internes », l’expérimentation et le soutien aux « innovateurs militaires » permirent une « transformation » de l’armée française qui, à la fin du conflit, avait su devenir « la plus moderne et la plus puissante du monde. » La mise au point de l’obusier pneumatique portable de 60 mm par Edgar Brandt en est un exemple.

Plus récemment, en 2013, une « plateforme participative » avait été mise en place sur l’intranet du ministère de la Défense afin de faire remonter les idées des militaires et des agents civils en vue de simplifier les tâches et les procédures de soutien . Il était même possible de commenter les idées proposées, à la condition de le faire avec un « esprit constructif ».

Enfin, il convient de ne pas oublier la « Mission innovation participative » (MIP), qui, créée en 1989 par l’amiral Le Pichon , a permis de trouver des solutions concrètes à des problèmes opérationnels grâce à des militaires particulièrement ingénieux. Depuis son existence, plus de 600 projets ont abouti à des innovations, qui plus est peu coûteuses.

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