La guerre contre le terrorisme n’est plus la priorité principale des forces armées américaines

Le 19 janvier, le Pentagone a donné les grandes lignes de la nouvelle « Stratégie de défense nationale » des États-Unis [.pdf]. Et il sera difficile d’entrer dans les détails dans la mesure où ce document est en grande partie confidentiel. Cela étant, s’il reprend la même liste des menaces qui avaient été prises en compte par les deux précédentes administrations, leur ordre de priorité a changé.

Ainsi, lors de la présentation de cette nouvelle stratégie de défens,e le chef du Pentagone, James Mattis, a déclaré que les États-Unis sont désormais confrontés aux « menaces croissantes » de « puissances révisionnistes » qui, comme la Russie et la Chine, « tentent de créer un monde compatible à leurs modèles autoritaires ».

Pour M. Mattis, la priorité doit donc être donnée à la modernisation des forces armées américaines car leur « avantage compétitif diminue dans tous les domaines – aérien, terrestre, marin, spatial et cyberespace – et ne cesse de diminuer. »

Désormais, pour la Pentagone, la priorité est de répondre aux défis posés par la Russie et la Chine. C’est même l’objectif « principal » des États-Unis, la guerre contre le terrorisme passant au second plan. « Nous continuerons à poursuivre la campagne contre les terroristes », a cependant assuré M. Mattis.

« Cette stratégie est adaptée à notre époque. Elle donnera au peuple américain l’armée nécessaire pour protéger son mode de vie, rester avec nos alliés et assumer notre responsabilité de transmettre à la prochaine génération les libertés dont nous jouissons aujourd’hui », a fait valoir le chef du Pentagone.

« En changeant la posture de nos forces, nous allons donner la priorité à la préparation au combat dans des conflits majeurs, ce qui nous rendra stratégiquement prévisibles pour nos alliés mais opérationnellement imprévisibles pour tous nos adversaire », a encore expliqué James Mattis.

Plus tard, le sous-secrétaire à la Défense chargé de la stratégie, Elbridge Colby, a expliqué que « la Chine et la Russie, en particulier, ont oeuvré assidûment depuis plusieurs années à développer leurs capacités militaires » pendant que les États-Unis se concentraient sur « la lutte contre le terrorisme et les États voyous » (Corée du Nord, Iran). Aussi, a-t-il dit, « si elle reste « importante, la lutte contre le terrorisme n’est plus la priorité. » Ce qui était le cas depuis les attentats du 11 septembre 2001, lesquels ont eu pour conséquence les coûteuses interventions en Afghanistan et en Irak.

Cette nouvelle stratégie de défense reproche à la Chine d’avoir eu recours à des « tactiques économiques prédatrices pour intimider ses voisins tout en militarisant la mer de Chine ». Quant à la Russie, elle est accusée d’avoir « violé les frontières de pays voisins », avec notamment l’annexion de la Crimée en mars 2014 (mais l’on pourrait également ajouter le cas de la Géorgie et celui du sud-est de l’Ukraine).

Cela étant, M. Colby a souligné que les États-Unis n’allaient pas suivre une « stratégie de confrontation » mais une « stratégie qui reconnaît la réalité d’une concurrence » militaire accrue de la Chine et de la Russie.

Par ailleurs, Washington attend de ses alliés de l’Otan le respect de leur promesse d’augmenter leurs dépenses militaires, afin de mieux « partager le fardeau ». Sur ce point, M. Mattis a assuré avoir été « encouragé » par les décisions récentes prises par les pays européens en matière de défense. « Cela se passe mieux que ce à quoi je m’attendais », a-t-il dit.

En outre, le chef du Pentagone a affirmé que les forces américaines devaient apprendre « non seulement à écouter » mais aussi à « se laisser persuader » par leurs alliés. « Toutes les bonnes idées ne viennent pas du pays qui a le plus de porte-avions », a-t-il fait valoir.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]