Les forces américaines resteront en Syrie contre l’EI, l’Iran et le régime de Bachar el-Assad

 

En novembre dernier, le chef du Pentagone, James Mattis, avait expliqué que le maintien des forces américaines en Syrie serait lié aux progrès du processus de Genève, qui vise à trouver un accord politique devant mettre un terme à la guerre civile qui embrase ce pays depuis 2011.

« Nous allons nous assurer que nous créons bien les conditions d’une solution diplomatique » et la guerre contre l’État islamique [EI ou Daesh] sera gagnée « quand les locaux pourront s’en charger eux-mêmes », avait-il expliqué.

Quelques jours plus tard, un porte-parole du Pentagone avait indiqué que les troupes américaines resteraient en Syrie « aussi longtemps que nécessaire » pour « soutenir nos forces partenaires [ndlr, les Forces démocrations syriennes, dont les milices kurdes] et « empêcher le retour de groupes terroristes. »

Lors d’un discours prononcé à l’université de Stanford [Californie], le 17 janvier, le secrétaire d’État, Rex Tillerson, a apporté des précisions sur la nature de l’engagement des militaires américains, dont la présence en Syrie est « cruciale pour notre intérêt national ».

Ainsi, M. Tillerson a réaffirmé que la mission prioritaire des forces américaines est que « l’EI ne refasse pas surface. » L’organisation jihadiste « a actuellement un pied dans la tombe, et en gardant une présence militaire américaine en Syrie, il en aura bientôt deux », a-t-il assuré. Pour lui, il est en effet essentiel de ne pas « répéter la même erreur qu’en 2011 », quand « un départ prématuré d’Irak a permis à al-Qaïda de survivre » dans ce pays avant de devenir « l’État islamique ».

Mais cette présence militaire ne concerne pas seulement le combat contre les jihadistes. En effet, selon M. Tillerson, un « désengagement américain » donnerait à l’Iran « une occasion en or de renforcer encore davantage ses positions en Syrie », où les Gardiens de la révolution iraniens (et les volontaires chiites envoyés par Téhéran) soutiennent les troupes de Bachar el-Assad.

« Nous devons nous assurer que la résolution de ce conflit ne permette pas à l’Iran de se rapprocher de son grand objectif, le contrôle de la région », a insisté le chef de la diplomatie américaine. En clair; il s’agit donc de contrer l’influence iranienne.

Une troisième raison au maintien des troupes américaines en Syrie est liée au chef du régime syrien. « Un retrait total […] à ce stade aiderait Assad à brutaliser son peuple », a estimé M. Tillerson. Selon lui, une « Syrie stable, unie et indépendante nécessite, in fine, un leadership post-Assad. » Aussi, pour Washington, le départ du président syrien, dans le cadre d’un processus de paix sous l’égide des Nations unies, reste un préalable afin de « créer les conditions pour une paix durable. »

Quant à la reconstruction de la Syrie, M. Tillerson a assuré que les États-Unis apporteraient leur aide uniquement dans les zones contrôlées par les forces soutenues par la coalition internationale.

À ce propos, M. Tillerson a évoqué le projet de former une « force frontalière » de 30.000 hommes dans les secteurs libérés de la présence de l’EI grâce aux Forces démocratiques syriennes. Ce dernier, annoncé le 14 janvier, a été vivement critiqué par la Syrie, l’Iran, la Turquie et la Coalition nationale syrienne (CNS), principale formation de l’opposition en exil à… Istanbul.

Le Pentagone a semblé revenir sur ce projet, après avoir diffusé, le 17 janvier, un communiqué dans lequel il a souligné qu’il n’était pas question de créer une « nouvelle armée » qui serait dominée par les Kurdes syriens.

« Les États-Unis continuent d’entraîner des forces locales de sécurité en Syrie », a en effet indiqué le Pentagone. « Il ne s’agit pas d’une nouvelle ‘armée’ ou d’une force conventionnelle de ‘garde-frontières' », a-t-il ensuite précisé, en se disant « conscient des inquiétudes de la Turquie, partenaire de la coalition et alliée de l’Otan. »

Cette force doit « empêcher les combattants de l’EI de quitter la Syrie et pour améliorer la sécurité dans les zones libérées », a encore assuré le Pentagone. « À ce jour, (…) l’EI n’a regagné aucun des territoires qu’il avait perdu. Nous avons l’intention que cela dure », a-t-il ajouté.

Après son intervention à l’Université de Stanford, M. Tillerson a démenti ce projet de « force frontalière » pour le démentir. « Tout ce dossier a été mal relayé, mal décrit. Certaines personnes se sont trompées. Nous ne sommes pas du tout en train de constituer une force de gardes-frontières. Il est malheureux que les commentaires faits par certains aient laissé cette impression. Ce n’est pas ce que nous faisons », a-t-il dit à des journalistes.

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