L’offensive de Damas dans la province d’Idleb met à l’épreuve les relations entre la Turquie et la Russie

Frontalière de la Turquie, la province syrienne d’Idleb, en partie contrôlée par la coalition jihadiste Hayat Tahrir al-Cham, dominée par l’ex-Front al-Nosra (lié à al-Qaïda, ndlr), fait partie des quatre « zones de désescalade » négociées à Astana par Moscou, Téhéran et Ankara afin d’obtenir un cessez-le-feu en Syrie. En octobre, l’armée turque a annoncé y avoir installé des « postes d’observation » à cette fin.

Seulement, en décembre, les troupes syriennes et leurs alliés, avec l’appui de l’aviation russe, ont lancé une offensive dans cette province, qui, outre les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham, compte également des groupes rebelles soutenus par la Turquie.

Le 9 janvier, Ankara a accusé Damas de viser les rebelles « modérés » à la faveur de cette offensive contre les jihadistes dans la province d’Idleb.

D’où la convocation, par le ministère turc des Affaires étrangères, des ambassadeurs de Russie et d’Iran afin de leur faire part de sa « gêne » face à qu’il voit comme une « violation des frontières de la zone de désescalade d’Idleb » et de leur demander d’intervenir auprès de Damas pour mettre fin aux frappes aériennes.

« Sous couvert de lutte contre (l’ex-Front) al-Nosra, les forces du régime frappent aussi les rebelles modérés » dans la province d’Idleb, a alors expliqué Mevlüt Cavusoglu, le chef de la diplomatie turque. Et d’ajouter : « Cette attitude pourrait saboter le processus de règlement politique » du conflit.

Deux jours plus tard, le ministère russe de la Défense a affirmé que les drones d’apparence rudimentaires, utilisés pour attaquer sa base aérienne implantée à Hmeimim quelques jours plus tôt, avaient décollé depuis la province d’Idleb.

À cette occasion, le général Alexandre Novikov a affirmé que ces engins avaient été « développés (…) avec la participation de spécialistes formés dans les pays qui fabriquent et utilisent les drones ». Était-ce une façon implicite d’accuser la Turquie?

Visiblement non. « Je suis convaincu que les militaires et les autorités turcs n’ont rien à voir avec cela », a affirmé, le 11 janvier, Vladimir Poutine, le président russe. Selon lui, cette attaque de drones ne serait qu’une « provocation visant à saper les accords atteints » entre Moscou, Ankara et Téhéran et à « détruire les relations » de la Russie avec l’Iran et la Turquie.

Quoi qu’il en soit, le ton est différent à Damas. Alors que les forces gouvernementales syriennes progressaient dans la province d’Idleb, et pour desserrer l’étau autour de l’aéroport militaire d’Abou Douhour, Hayat Tahrir al-Cham et ses alliés ont lancé une contre-offensive dans le sud-est de cette région ainsi que dans le nord-est de celle, voisine, de Hama. Et pour le régime syrien, une implication turque ne fait pas de doute.

« Les terroristes du Parti islamique du Turkestan ont réuni une grande partie de leurs troupes (…) et lancé leur attaque avec le soutien direct, les instructions et la supervision du régime turc », a affirmé, le 12 janvier, l’agence de presse officielle syrienne SANA. « Des véhicules turcs ont été utilisés par les rebelles », a-t-elle ajouté. Pour le moment, Ankara n’a pas réagi à ces accusations.

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