Des chasseurs « vigilants » vont aider les gendarmes de l’Oise

De par son implantation territoriale, essentiellement en milieu rural, la Gendarmerie nationale est théoriquement en mesure de détecter ce que l’on appelle les « signaux faibles » en matière de renseignement, comme par exemple des faits inhabituels.

Pour améliorer cette capacité (mais pas seulement), la groupement de gendarmerie de l’Oise a signé une convention avec la Fédération de chasse de ce département afin de mettre en place un dispositif pour le moment unique en France. Il s’agit ainsi de pouvoir compter sur une centaine de chasseurs pour être informé des faits inhabituels en forêt et de délits liés à l’environnement.

« Il ne s’agit pas de renforts. Leur mission consistera à observer, à nous alerter et à sensibiliser les personnes qui fréquentent les milieux naturels », a expliqué, à l’AFP, le capitaine Eric Lecacheur, chargé de la prévention et du partenariat au groupement départemental de la gendarmerie de l’Oise.

Concrètement, si un « chasseur vigilant » est témoin de faits anormaux, il pourra appeler le « 17 » et donner son code d’identification. Ainsi, il aura un lien direct avec la gendarmerie, laquelle pourra ensuite intervenir.

« En aucun cas, les chasseurs vigilants ne seront amenés à intervenir directement. Ils feront simplement ce que tout citoyen peut être amené à faire, c’est-à-dire nous prévenir », a insisté le capitaine Lecacheur.

Outre les faits inhabituels, les « chasseurs vigilants » auront à repérer les véhicules abandonnés, les dépôts d’ordures sauvages, le braconnage ou encore à participer, le cas échéant, aux recherches de personnes disparues.

« Nous serons un peu les RG des campagnes », a commenté, dans les colonnes du Parisien, Guy Harlé d’Ophove, le président de la Fédération des chasseurs de l’Oise, qui compte 18.000 adhérents.

Pour le moment, 110 « chasseurs vigilants » ont été sélectionnés par la gendarmerie de l’Oise, qui impose un casier judiciaire vierge pour faire partie de ce dispositif. L’objectif est d’en compter 200.

Cette initiative a déjà produit des résultats : le 7 janvier, un « chasseur vigilant » a retrouvé des documents d’assurance et la carte grise d’un véhicule volé quelques heures plus tôt à Nogent-sur-Oise.

« Grâce à ce ‘chasseur vigilant’ qui a suivi à la lettre les actions qui lui sont demandées (Observer et Alerter), les papiers du propriétaire du véhicule volé vont lui être restitués et ils seront une aide précieuse pour la résolution de l’enquête », a souligné la gendarmerie de l’Oise.

Pour autant, le dispositif « chasseurs vigilants » n’est pas du goût de tout le monde, à commencer par les associations anti-chasse. La Fondation 30 millions d’Amis a ainsi dénoncé la mise en place d’une « milice armée » (sic) ainsi que le fait que des « prérogatives de sécurité et de pédagogie soient confiées à des personnes armées non assermentées. » Et de prévenir qu’elle « saisira la juridiction compétente pour examiner la légalité de cet accord. »

Sur son compte Facebook, la Gendarmerie de l’Oise souligne qu’un tel dispositif n’est le seul à avoir été mis en place dans ce département.

« Participation citoyenne (‘Voisins vigilants’), Cavaliers vigilants et les alertes SMS comme STOP CAMBRIOLAGE, AGRI60, Alerte Entreprise et Alerte Commerce. Ces différents dispositifs, qui démontrent bien une aide certaine et supplémentaire à la gendarmerie, permettent d’amplifier l’efficacité de la prévention de la délinquance », fait-elle valoir.

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