Offensive régionale contre les deux factions du groupe jihadiste nigérian Boko Haram

Lors de ses voeux pour la nouvelle année, le président nigérian, Muhammadu Buhari, a parlé une nouvelle fois du groupe jihadiste Boko Haram au passé, tout en reconnaissant, toutefois, la persistance « d’attaques isolées ». Et d’ajouter : « Mais même les pays les plus sûrs ne peuvent pas empêcher des criminels déterminés de commettre des actes terroristes. »

Seulement, au cours de ces derniers mois, et comme l’a souligné un rapport des Nations unis publié en décembre 2017, les attaques de Boko Haram « se sont fortement intensifiées […] en particulier au Nigéria ». Ainsi, 156 avaient été constatées pour les seuls mois de l’été.

Grâce à l’action de la Force multinationale mixte, composée de soldats des pays de la commission du bassin du Lac Tchad (Nigéria, Tchad, Cameroun, Niger, plus le Bénin), la menace de Boko Haram avait pu être endiguée. D’autant plus que le groupe jihadiste s’était scindé en deux factions rivales : l’une dirigée par son chef historique, Abubakar Shekau, l’autre, affiliée à l’État islamique (EI), commandée par Abou Moussab al-Barnaoui, avec l’appui du « stratège » Mamman Nur.

Seulement, l’été dernier, ces deux factions ont renoué après s’être affrontées, les considérations logistiques ayant probalement primé sur les divergences idéologiques et opérationnelles. D’où, sans doute, l’intensification des attaques, la faction de Shekau s’en prenant aux civils tandis que celle d’al-Barnaoui se concentre sur les intérêts occidentaux et les forces nigérianes.

Cette dernière, appelée « État Islamique en Afrique de l’Ouest » (ISWAP), a ainsi revendiqué, le 5 janvier, l’assaut contre la base de Kanamma, dans l’État de Yobe, mené pendant le week-end de Noël, et affirmé avoir tué « 9 soldats et capturé trois véhicules militaires surmontés de mitrailleuses, ainsi que des armes diverses et des munitions. » Officiellement, 30 militaires nigérians sont toujours portés disparus. Et on ignore encore leur sort.

« Ces attaques de fin d’année sont un peu plus sophistiquées et on y remarque une certaine finesse opérationnelle de Mamman Nur, mêlée à la brutalité d’Abubakar Shekau. […] Les deux factions de Boko Haram semblent avoir augmenté leurs capacités militaires. Elles collaborent à nouveau dans un contexte régional marqué par l’augmentation des conflits, des milices et donc de combattants et d’armes disponibles », a expliqué, dans les colonnes du quotidien Le Monde, Yan St-Pierre, spécialiste du contre-terrorisme au Modern Security Consulting Group (Mosecon).

D’où l’opération « Deep Punch 2 », lancée par l’armée nigériane, avec l’appui des forces des pays voisins, en particulier celles du Cameroun.

Selon l’état-major nigérian, qui a annoncé cette offensive le 9 janvier, les opérations ont lieu dans l’État de Borno, précisément dans la forêt de Sambisa, où est retranché Abubakar Shekau, et la région du Lac Tchad, où se trouverait Mamman Nur.

Le bilan avancé par le porte-parole de l’armée nigériane, le général Sani Usman ne peut pas être vérifié pour le moment. Quoi qu’il en soit, il a fait état de « progrès remarquables » et indiqué que plus de 100 combattants de Boko Haram ont été tués et que des « armes et des munitions du groupe ont été saisies et détruites ».

De hauts responsables militaires nigérians ont en outre assuré que Mamman Nur a été blessé et que l’une de ses épouses a été tuée lors d’un raid aérien. Quant à Shekau, ils ont affirmé que c’est « un cheval épuisé, qui attend son Waterloo ».

Toujours de source officielle, quatre soldats nigérians ont été tués (et 9 autres blessés) lors d’un attentat suicide contre un véhicule blindé, commis près du camp où se trouverait Shekau. D’autres sources ont avancé un bilan de 10 morts, selon l’AFP.

De leur côté, des responsables camerounais ont évoqué la perte de deux militaires. « Nous avons perdu deux soldats intégrés dans la Force multinationale mixte lors d’une opération lancée à Sambisa contre Boko Haram. L’opération a été engagée il y a plusieurs jours », ont-ils dit.

Photo : Forces armées du Nigéria / Archives

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